
En procédant au séquençage génétique d’un colombe cubaine menacée, des chercheurs ont fait des découvertes intrigantes, soulignant l’importance de protéger cette espèce exceptionnelle.
La Colombe à tête bleue
La Colombe à tête bleue (Starnoenas cyanocephala) est depuis longtemps considérée comme une énigme ornithologique. Récemment, Jessica Oswald, du Musée d’histoire naturelle de Floride, et ses collègues ont séquencé l’ADN de l’oiseau afin d’éclairer la biogéographie complexe de cette région du globe.
Alors qu’il avait été initialement supposé que la Colombe à tête bleue, endémique de Cuba, était étroitement apparentée aux colombes et pigeons d’Amérique centrale et du Sud, plusieurs chercheurs ont par la suite estimé qu’elle était sans doute plus proche des Columbidae d’Asie et d’Océanie.
La récente analyse a battu en brèche ces deux hypothèses, révélant une espèce encore plus distincte sur le plan évolutif que ne l’était le célèbre dodo de Maurice, qui appartenait à la même famille que S. cyanocephala.
Selon les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue Biology Letters, cette découverte tardive s’explique par l’impossibilité de se procurer des échantillons « frais », et l’âge des spécimens de musée, à partir desquels des quantités jusqu’à présent limitées de matériel génétique avaient été extraites.

De nouvelles données
En s’appuyant sur les dernières avancées techniques en la matière, l’équipe a procédé avec succès au séquençage génétique d’un échantillon de coussinet de patte d’un spécimen collecté à la fin des années 1950.
Il s’est avéré que l’espèce existait depuis environ 50 millions d’années, constituant une longévité remarquable au sein du règne animal. À titre de comparaison, chez les primates, on estime que l’Homme et le chimpanzé (avec lequel nous partageons plus de 95 % de notre génome) ont divergé il y a 5 à 6 millions d’années.
Oswald espère que ces nouvelles données pousseront les autorités locales à prendre des mesures drastiques pour la conservation de S. cyanocephala, dont la population actuelle ne dépasserait pas le millier d’individus. « Menacée par la chasse excessive, la perte d’habitat et les espèces invasives comme les chats, elle est au bord du gouffre », conclut la chercheuse.
Cuba est également connue pour abriter un crocodile véloce, un rongeur extrêmement rare et une mygale aux pattes remarquablement velues.