En 2029, un astéroïde massif passera suffisamment près de la Terre pour être visible à l’oeil nu. Si les modèles de son orbite excluent tout impact avec notre planète au cours des cent prochaines années, des astronomes canadiens ont récemment exploré la possibilité que des collisions avec d’autres roches spatiales le fassent dévier de sa trajectoire prévue.
Apophis, le « destructeurs des mondes »
Lors de sa découverte en 2004, les chances qu’Apophis percute la Terre le 13 avril 2029 avaient été estimées à 2,7 %. En raison de son diamètre important (370 mètres), impliquant qu’il puisse causer des dommages considérables s’il venait à entrer en collision avec notre planète, les chercheurs l’avaient classé à 4 sur l’échelle de Turin, mesurant le risque d’impact des objets « géocroiseurs », ce qui constituait une première.
Si d’autres observations ont permis d’écarter rapidement la possibilité d’une collision ce jour-là, ainsi que lors d’autres passages rapprochés en 2036 et 2068, l’astéroïde ne devrait pas passer à plus de 37 000 kilomètres de la Terre, soit moins d’un dixième de la distance nous séparant de la Lune.
« Étant donné qu’Apophis passera très près, il est possible qu’une déviation de sa trajectoire actuelle le rapproche d’un impact », souligne Benjamin Hyatt, chercheur à l’université de Waterloo et co-auteur de la nouvelle étude, publiée dans la revue Planetary Science Journal. « Hypothétiquement, un autre astéroïde entrant en collision avec Apophis pourrait provoquer une telle déviation, ce qui nous a incités à étudier ce scénario, même s’il est peu probable. »
Les trajectoires de plus d’un million d’astéroïdes calculées
Hyatt et Paul Wiegert, de l’université Western Ontario, ont calculé les trajectoires des 1,3 million d’astéroïdes connus dans le Système solaire, afin de déterminer si Apophis pouvait être impliqué dans une partie de billard cosmique avant son rendez-vous avec la Terre. Bien que toutes collisions directes aient été exclues, des obstacles plus petits pourraient se dresser sur la route du « destructeur des mondes ».
En décembre 2026, par exemple, Apophis passera à 10 000 kilomètres d’un énorme astéroïde appelé Xanthus, mesurant 1 300 mètres de large. Les deux objets se manqueront de quatre heures à peine, mais l’équipe précise qu’il est possible qu’Apophis soit frappé par des fragments de Xanthus, qui ne devraient heureusement pas être en mesure de modifier sa trajectoire.
Selon les deux astronomes canadiens, en dépit de l’absence de menace avérée d’impact au cours des prochaines décennies et de la possibilité de pouvoir dévier une roche spatiale massive avec un engin spatial, la surveillance étroite du ciel reste évidemment indispensable.