De nouvelles recherches suggèrent l’utilisation d’une technique de pointe par les Néandertaliens pour transformer l’écorce de bouleau en colle, renforçant l’idée que nos cousins possédaient des capacités cognitives avancées.
Chimie préhistorique souterraine
Le goudron de bouleau est la plus ancienne substance synthétique jamais découverte. Si les échantillons les plus anciens ont été liés à Néandertal, les scientifiques sont divisés sur la manière dont ce matériau collant a été fabriqué : certains pensent qu’il a été créé dans des structures souterraines dédiées, tandis que d’autres estiment que ces anciens humains ont pu le produire accidentellement en brûlant de l’écorce de bouleau.
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Archaeological and Anthropological Sciences, une équipe de scientifiques a analysé deux échantillons provenant du site néandertalien de Königsaue, en Allemagne, qui ont ensuite été comparés à des dizaines de colles « témoins », créées par l’équipe à l’aide de différentes techniques employées durant l’âge de pierre.
Il s’est avéré que le goudron de bouleau produit sous terre contenait des niveaux élevés d’un polymère naturel appelé subérine, quand celui issu de la combustion de morceaux d’écorce en surface en était exempt. Les deux échantillons provenant de Königsaue s’avérant riches en subérine, les chercheurs sont convaincus que les Néandertaliens fabriquaient leur colle dans des cavités souterraines intentionnellement créées afin de limiter la circulation de l’oxygène.
Une hypothèse appuyée par l’analyse de la structure chimique des fragments de colle préhistorique à l’aide de différentes techniques de spectroscopie et de chromatographie, révélant une étroite correspondance avec celle des goudrons témoins fabriqués sous terre.
Un aperçu frappant du savoir-faire néandertalien
Selon l’équipe, s’il est probable que la production souterraine de goudron de bouleau par Néandertal soit le résultat de longues expérimentations, le fait qu’elle précède d’environ 100 000 ans le plus ancien exemple connu pour Homo sapiens remet en question notre perception de l’intelligence humaine moderne ainsi que son caractère unique.
« Il n’y a que quelques autres techniques de transformation [incluant le traitement thermique de la pierre pour la taille des outils] qui peuvent être comprises pour documenter l’évolution culturelle à un degré similaire », concluent les auteurs de la nouvelle étude.
Par Yann Contegat, le
Source: IFL Science
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