De nouvelles recherches suggèrent que la vapeur de cigarette électronique seule, sans nicotine ni arôme, peut déclencher une inflammation chronique en affaiblissant la muqueuse intestinale. Explications.
Des effets à long terme encore mal connus
Considérée comme moins nocive que le tabagisme traditionnel, la cigarette électronique reste relativement récente, et ses effets à long terme sur notre santé globalement mal connus. Alors que deux études distinctes avaient récemment établi un lien entre son utilisation et des problèmes cognitifs, ces nouveaux travaux présentés dans la revue iScience se sont concentrés sur l’effet de sa vapeur sur la muqueuse intestinale en s’appuyant sur des modèles animaux et des lignées de cellules humaines cultivées en laboratoire.
« La muqueuse intestinale est une entité étonnante », explique Pradipta Ghosh, chercheur à l’université de Californie et auteur principal de l’étude. « Elle est constituée d’une seule couche de cellules qui sont censées protéger le corps de milliards de bactéries, défendre notre système immunitaire, tout en assurant l’absorption des nutriments essentiels. »
Pour ces expériences, les chercheurs américains ont mis de côté la nicotine et les arômes pour se concentrer sur le propylène glycol et le glycérol végétal, produits chimiques utilisés comme base dans l’ensemble des e-liquides.
« Le caractère sûr des e-cigarettes est largement débattu », souligne Ghosh. « Leur teneur en nicotine et leur nature addictive ont toujours été les principales préoccupations de ceux qui s’y opposent, tandis que l’absence des substances cancérigènes présentes dans la fumée de cigarette traditionnelle a été vantée par les fabricants de e-cigarettes lorsqu’ils ont commercialisé ces produits comme des ‘alternatives saines’. En réalité, ce sont les produits chimiques qui composent le liquide qui devraient nous préoccuper davantage car ils peuvent entraîner une inflammation intestinale. »
Une barrière intestinale moins efficace
Les chercheurs ont d’abord étudié l’effet de l’inhalation des vapeurs de cigarettes électroniques sur des modèles de souris, en comparant l’exposition aiguë (utilisation quotidienne pendant une semaine) à l’exposition chronique (utilisation quotidienne pendant trois mois). Alors que la première a engendré des effets négatifs mineurs, la seconde s’est traduite par une inflammation importante du côlon et une réduction de l’expression des gènes participant au bon fonctionnement de la barrière intestinale.
Le second volet de l’étude a consisté à développer un modèle réduit d’un tractus intestinal humain, connu sous le nom d’organoïde. Pour ce faire, des cellules souches humaines prélevées lors de coloscopies ont été cultivées jusqu’à ce qu’elles se différencient en types de cellules clés constituant la paroi intestinale.
Les chercheurs ont découvert que l’exposition chronique à ces vapeurs de cigarettes électroniques entraînait la dégradation de protéines spécifiques. Connues sous le nom de marqueurs de jonction serrée, celles-ci agissent comme une barrière physique qui tapisse l’intestin et leur dégradation peut déclencher une inflammation intestinale ultérieure.
Mieux comprendre les effets du vapotage chronique sur la santé
« Il s’agit de la première étude à mettre en évidence le rôle d’une utilisation chronique de la cigarette électronique dans l’augmentation sur la sensibilité de l’intestin aux infections bactériennes, qui entraîne une inflammation chronique et d’autres problèmes de santé », explique Soumita Das, co-auteure de l’étude.
S’il est encore trop tôt pour déterminer les conséquences à long terme de son utilisation, ces résultats suggèrent que des travaux supplémentaires seront nécessaires afin de mieux comprendre les effets du vapotage chronique.
« Étant donné l’importance de la barrière intestinale dans le maintien de l’homéostasie immunitaire du corps, les résultats fournissent des indications précieuses sur les effets nocifs potentiels à long terme de l’utilisation chronique des e-cigarettes sur notre santé », concluent les auteurs de l’étude.
Par Yann Contegat, le
Source: New Atlas
Étiquettes: infection, cigarette-electronique, e-cigarette, inflammation, barrière intestinale, bactérie
Catégories: Actualités, Santé
Merci à Phillip Morris, BAT et Japan Tobacco pour cet article…