Aller au contenu principal
Après quatre ans de controverse, une étude de 2020 affirmant que l’hydroxychloroquine, un médicament contre le paludisme, était prometteur pour le traitement du Covid-19 a été rétractée. Explications.
Cette étude a été initialement publiée dans l’International Journal of Antibiotic Agents le 20 mars 2020. Avec un échantillon de 36 participants au total, l’essai a consisté à traiter 20 patients atteints de Covid-19 avec 600 milligrammes d’hydroxychloroquine. Certains patients ont également reçu l’antibiotique azithromycine. Sur la base de leurs résultats, les scientifiques ont conclu que l’hydroxychloroquine était « significativement associée à la réduction et à la disparition de la charge virale chez les patients atteints de Covid-19 et que cet effet positif était encore amélioré en ajoutant de l’azithromycine au mélange ».
À l’époque du coronavirus, les critiques scientifiques à l’encontre de l’étude ont commencé à affluer. La petite taille de l’échantillon a été un signal d’alarme immédiat pour beaucoup, tout comme le délai étonnamment rapide entre la soumission du manuscrit initial et la publication en ligne. Elisabeth Bik, microbiologiste et défenseure de l’intégrité scientifique, a fait part de ses inquiétudes concernant l’étude sur son blog Science Integrity Digest. « Le jour même de la parution de la prépublication, le 16 mars, le manuscrit a été soumis à l’International Journal of Antibiotic Agents, où il a été accepté dans la journée, le 17 mars, et publié en ligne le 20 mars. Cela suggère que l’évaluation par les pairs a été effectuée en 24 heures, un temps incroyablement rapide. »
Aujourd’hui encore, certains affirment que ce médicament est une panacée contre le Covid-19. L’étude, désormais rétractée, n’était pas la seule à alimenter le battage médiatique, mais elle était la plus citée. Elle est devenue le deuxième article le plus cité à avoir jamais été rétracté. « Cette rétractation doit marquer le début d’une remise en cause plus large des travaux menés sous la direction du professeur Didier Raoult, notamment sur l’hydroxychloroquine. Ces travaux sont soupçonnés de ne pas respecter les normes éthiques et scientifiques et font, pour certains, l’objet de procédures judiciaires en cours », a détaillé dans un communiqué la Société française de pharmacologie et de thérapeutique.
Elisabeth Bik ajoutant : « C’est une excellente nouvelle. Cet article n’aurait jamais dû être publié, ou aurait dû être rétracté immédiatement après sa publication. » Pour aller plus loin, sachez que de plus en plus d’enfants sont myopes depuis la pandémie de Covid-19.