
L’intelligence artificielle propulse l’économie mondiale, mais qu’en est-il de notre propre intelligence ?
Et si la révolution de l’IA nous rendait plus performants… mais moins pensants ?
Productivité décuplée, décisions accélérées, textes générés en quelques secondes : l’intelligence artificielle transforme nos vies. Cependant, pendant que les géants de la tech engrangent des fortunes historiques, à commencer par Nvidia, nouveau titan boursier, des chercheurs s’inquiètent de ses effets sur notre cerveau. Moins d’effort, moins de mémorisation, moins de pensée critique ? Une étude du MIT lève un coin du voile sur une forme inédite de déclin cognitif, douce et silencieuse.
Nvidia sur le toit du monde : quand l’intelligence artificielle devient la locomotive des marchés
4 000 milliards de dollars. C’est la valeur atteinte par Nvidia, le concepteur de puces graphiques devenu en quelques années le cœur battant de l’IA mondiale. Jusqu’à présent, aucune entreprise – ni Apple, ni Microsoft – n’avait atteint un tel sommet. En effet, Nvidia fournit les processeurs qui font tourner ChatGPT, Copilot, Gemini et tous les modèles d’IA générative. Son envolée en bourse (+2 600 % depuis 2020) est à la hauteur de la demande exponentielle.
Ce succès fulgurant est salué comme un tournant technologique. Toutefois, il s’accompagne d’une transformation plus discrète, plus intime : celle de notre rapport à l’effort mental. Car si l’IA travaille à notre place, que devient notre cerveau ?
Le MIT tire la sonnette d’alarme : moins d’activité cérébrale dès que l’IA entre en jeu
L’expérience menée au MIT Media Lab est simple, mais éloquente. Trois groupes de participants rédigent des textes. L’un sans aide, l’autre avec Google, le troisième avec ChatGPT. Pendant ce temps, leur activité cérébrale est mesurée via électroencéphalogramme.
Or, les résultats sont saisissants. Ceux qui utilisent ChatGPT présentent une activité neuronale nettement plus faible. Moins d’ondes cérébrales. Moins de zones sollicitées. Et surtout, une mémoire défaillante : 83 % ne se souviennent d’aucun passage de leur texte quelques minutes après l’avoir écrit.
Pire encore, même après avoir abandonné ChatGPT pour écrire “à la main”, ces participants restaient mentalement atones. En d’autres termes, le cerveau, une fois assisté, semble perdre l’habitude de reprendre la main.
Une efficacité trompeuse : l’IA standardise notre pensée au détriment de la créativité

Les chercheurs ne parlent pas de débilité soudaine, mais de paresse métacognitive. Autrement dit, on réfléchit moins, on questionne moins, on crée moins. Les textes produits sont plus uniformes, moins originaux, et utilisent souvent les mêmes tournures. De plus, une étude de l’université Cornell confirme que l’IA homogénéise progressivement la langue.
En toile de fond, un paradoxe vertigineux : l’outil qui booste notre efficacité pourrait aussi affaiblir notre capacité à penser, à douter, à créer. Comme si la machine digérait à notre place ce que notre cerveau devrait mâcher, reformuler, intégrer.
Comment ne pas se laisser endormir ? Quelques gestes simples pour rester aux commandes
L’IA n’est pas le problème en soi. Elle est utile, puissante, fascinante. Néanmoins, elle ne doit pas devenir un substitut systématique à notre intelligence. L’enjeu est d’en faire un partenaire, pas un pilote automatique.
Voici quelques pistes concrètes :
- D’abord, utiliser l’IA comme source d’inspiration, non comme générateur paresseux.
- Ensuite, réécrire systématiquement ce que l’on obtient, pour rester actif dans la formulation.
- S’imposer également des moments sans IA, afin de maintenir son esprit en alerte.
- Enfin, encourager à l’école comme en entreprise des espaces de réflexion lente, sans automatisation.
Sources :
- MIT Media Lab, étude “Your brain on ChatGPT”, juin 2025
- The Washington Post, “Is AI rewiring our minds ?”, 29 juin 2025
- Times of India, “Nvidia becomes first public company to cross $4 trillion”, juillet 2025
Par Eric Rafidiarimanana, le
Catégories: Actualités, Robots & IA