Lorsque l’on évoque Auvers-sur-Oise, c’est l’image de Vincent Van Gogh qui s’impose généralement à notre esprit. Mais le petit village a accueilli un grand nombre de peintres impressionnistes. C’est pour promouvoir cette période d’intense foisonnement artistique que le département du Val d’Oise a conçu l’équipement culturel du Château d’Auvers-sur-Oise : un centre d’interprétation d’art impressionniste, ouvert depuis 1994.

LE CHÂTEAU

Château d’Auvers-sur-Oise ® GillesFey

Construit vers 1635 dans un style italien par le financier Zanobi Lioni, le château subit une première transformation en 1662, quand il est racheté par Jean de Léry, un proche du jeune Louis XIV. Jean de Léry en fait un château à la française, notamment en modifiant le toit qui, de terrasse, est passé à pentu.

AU COURS DU XVIIIe ET DU XIXe SIÈCLE, LE CHÂTEAU CHANGE DE PROPRIÉTAIRE À DE NOMBREUSES REPRISES

En 1720, il appartient à la famille d’Espremenil. En 1756, les propriétaires opèrent une modification complète. La façade nord, de style Louis XIII, est maintenue, mais au sud, on y adjoint deux pavillons supplémentaires. En 1765, il est revendu au prince Louis François de Bourbon-Conti qui n’y séjourne qu’en de rares occasions et essentiellement lors de chasses. Par la suite, les bâtiments se dégradent. En 1779, M. Louis Claude Chéron de la Bruyère, député de l’Assemblée législative l’acquiert.

Peinture d’origine du château d’Auvers-sur-Oise

Emprisonné pendant la Révolution puis libéré, il fut nommé maire d’Auvers, puis préfet de la Vienne en 1805. Son fils Henri, maire dès 1825, resta à Auvers jusqu’à la fin de sa vie et se consacra sans relâche au Château. Pendant son mandat, le Conseil décida que le pont et l’escalier du château seraient exemptés des prescriptions d’alignement parce qu’ils faisaient partie de l’ancien domaine du prince de Conti, « souvenir historique et ornement de la commune ». Alphonse Chéron, troisième de la lignée, vendit le château à la famille Gosselin en 1882, qui le conserva jusqu’en 1939.

 

LE NYMPHÉE

Nymphée du Château d’Auvers-sur-Oise

Parfaitement conservé, voici la curiosité du château : le nymphée, construit par le prince de Conti et situé sous l’orangerie nord. Cette cave artificielle circulaire, dont on longe le mur extérieur pour entrer dans l’exposition, est entièrement recouverte d’une mosaïque de coquillages et abrite une fontaine magnifiée par un puits de lumière. Marquant la propriété du prince de Conti, son monogramme orne les parois. Il est l’un des derniers nymphées parfaitement conservés.

L’EXPOSITION

Espace 2, exposition Vision impressionniste

Après plus de vingt ans d’exploitation, il était temps de proposer un nouveau projet. Après une nouvelle année de travaux, le château ouvre de nouveau ses portes avec une nouvelle présentation : vision impressionniste mêlant projection et exposition de peintures pour une immersion sensorielle.

Le parcours est composé de huit salles de projection entrecoupées d’expositions de tableaux prêtés par le département, et d’autres surprises. Chaque salle évoque un aspect de la création impressionniste, les liens des artistes entre eux, avec le train, avec le village et ses habitants, la couleur, la réception critique, etc.

Espace 6 de l’exposition Vision Impressionniste

Les salles de projection utilisent une technologie de mapping vidéo sur les murs, sols et plafonds qui permet d’immerger le visiteur dans la création, couplée à une bande son reprenant des extraits de lettres et d’articles de l’époque. Il est important de noter que, lors de chaque projection, le tableau est montré à un moment ou à un autre à sa taille originale. Chaque séquence dure entre 5 et 8 minutes et quelques minutes d’attente les séparent.

La muséographie est beaucoup plus sobre que dans la précédente exposition. Les salles d’expositions plus classiques montrent pour leur part des tableaux impressionnistes prêtés par le département et, pour certains, jamais exposés précédemment. L’on retrouve même la reconstitution d’un atelier d’artiste avec des peintures originales et des couleurs prêtées par la maison Lefranc & Bourgeois.

Reconstitution d’un atelier d’artiste du XIXe siècle

Des QR-codes présents dans chaque salle de projection permettent d’accéder à du contenu enrichi, dont des interviews de spécialistes pour ceux qui le souhaitent.
Pour mettre au point le parcours d’exposition au plus près de l’esprit des artistes, ce ne sont pas moins de 600 sources littéraires qui ont été étudiées par les équipes du projet pendant de longs mois.

Véritable centre d’interprétation sur l’art impressionniste, le Château d’Auvers sur Oise ne revendique pas le titre de musée, mais bien celui de lieu culturel. L’ensemble du parcours est accessible aux personnes à mobilité réduite grâce à des places de parking supplémentaires, interphones spéciaux, rampe d’accès dotée d’un fauteuil élévateur, chemin de pavés sciés. Un parcours qui a été également pensé pour les malvoyants et qui intègre notamment une signalétique en braille.

LES JARDINS

Les jardins du château d’Auvers-sur-Oise © Wikipédia / P.poschadel

Outre le château et son parcours, les jardins sont un élément important du domaine. Entre terrasses à l’italienne ornées de dentelle de buis, labyrinthe planté de charmilles, terrain boisé et verger composent un écrin de huit hectares. Les grandes terrasses haute et basse (cette dernière est appelée « Clos du Château ») sont reliées entre elles par un pont en pierre qui enjambe la rue de Léry.

L’ensemble est classé dans l’inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1987. Depuis plusieurs années, vers la mi-mai, les irisiades mettent en avant ces fleurs plébiscitées par les peintres impressionnistes.

Pont du jardin du château d’Auvers-sur-Oise

 

Plusieurs fleurs, en lien avec le château ou les impressionnistes, sont représentées dans les lieux sont :

  • L’iris « Château d’Auvers-sur- Oise » créé par Richard Cayeux en 2004. Séduisant amoena aux pétales blanc pur, infusés d’abricot très clair à l’éclosion, et sépales abricot cuivré portant de vives barbes mandarine. Sépales fermes, proches de l’horizontale et bordés de petites ondulations serrées. (Semis cayeux 95 49A).
  • L’iris « Voyage Impressionniste » créé par Pascal Bourdillon en 2012. Très parfumé, d’une hauteur de 90 cm, sa floraison est de mi-saison à tardive. Il est agrémenté de pétales glycine et sépales violet magenta qui deviennent plus clairs vers la barbe ocre. Les parents sont Swingtown (mère) et Silverado (père) par pollen.
  • La Rose des impressionnistes. Créée en 2015 par le célèbre obtenteur du NIRP international Michel Adam, cette rose parfumée fleurit de mai aux gelées. Ses couleurs lumineuses, jaune, orange et rose sont un véritable hommage à la palette impressionniste.
  • Le fuchsia « Château d’Auvers-sur-Oise » créé par Marcel Delhommeau en 2012. Très précoce, sa floraison, généreuse et compacte, s’étale du printemps à l’automne. Les fleurs sont rose fuschia au début puis s’éclaircissent en s’épanouissant. Les parents sont Margaret Roe (mère) et Regia Reitzii 4514.
iris-®chateau-auvers-sur-oise

A la rédaction, nous avons été très impressionnés par ce lieu et sa nouvelle exposition qui allie technologies immersives et art au service de l’émotion. Si les impressionnistes vous intéressent, nous vous conseillons de découvrir le village de Giverny.

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