À 13 milliards d’années-lumière, une pouponnière d’étoiles bat tous les records et remet en cause nos modèles de formation galactique. C’est une découverte qui décoiffe : une galaxie primitive, survoltée, forge les étoiles à un rythme inédit. Cette anomalie pourrait bien obliger les astrophysiciens à repenser l’évolution des premières galaxies.

Une galaxie aux confins de l’Univers qui fabrique des étoiles à une cadence folle
Imaginez une maternité stellaire où 180 étoiles aussi massives que notre Soleil voient le jour chaque année. C’est ce que les chercheurs ont observé avec la galaxie Y1, nichée dans les confins de l’Univers, à une époque où celui-ci n’avait que quelques centaines de millions d’années. Grâce au télescope ALMA, on a pu capter ce spectacle cosmique, invisible à l’œil nu mais éclatant dans l’infrarouge.
C’est comme si la nébuleuse d’Orion, déjà bien active dans notre Voie lactée, avait été multipliée par cent. Ce rythme effréné de formation stellaire pose une question vertigineuse : comment autant de matière a-t-elle pu s’agglomérer aussi vite après le Big Bang ?
Surtout, cette observation bouleverse notre chronologie de l’Univers : une telle densité de matière, si tôt, suppose que les conditions pour fabriquer des galaxies massives ont dû se mettre en place bien plus rapidement qu’on ne le pensait. Y1 force à reconsidérer la vitesse à laquelle l’Univers a pu structurer ses premières grandes formations.
Des conditions extrêmes de chaleur, de gaz et de poussières qui stimulent la naissance des étoiles
Les conditions dans Y1 sont tout sauf ordinaires. Cette galaxie regorge de gaz et de poussières chauffés à haute température, ce qui provoque une agitation intense. Les particules se heurtent, fusionnent, s’agrègent. Le cocktail parfait pour faire naître des étoiles. Ce phénomène n’est pas totalement inédit, mais à cette échelle, si tôt dans l’histoire de l’Univers, c’est inédit.
Chez nous, la Voie lactée fabrique péniblement une étoile solaire par an. Autant dire que Y1 carbure au super pendant que nous roulons au diesel. Les astrophysiciens comparent ce type d’environnement à une version boostée de nos nébuleuses locales : une forge cosmique à haute pression, en quelque sorte.
Une illusion d’optique cosmique qui éclaire un paradoxe vieux de plusieurs années
Depuis des années, un paradoxe agite les astronomes : comment expliquer la présence de tant de poussière dans les galaxies très jeunes ? En théorie, cette poussière est produite par des étoiles en fin de vie — or celles-ci n’ont pas eu le temps de mourir aussi tôt dans l’Univers.
L’étude de Y1 offre une piste : une petite quantité de poussières très chaudes peut émettre le même type de signal qu’une grande quantité de poussières froides. Une illusion d’optique cosmique, en somme. Cette découverte pourrait bien réconcilier les modèles théoriques avec les observations.
Une découverte rare qui pourrait révéler d’autres galaxies inconnues du jeune Univers
Y1 est-elle une exception ? Ou bien la première d’une longue série de galaxies hyperactives encore non détectées ? C’est l’une des grandes inconnues. Peut-être que l’Univers primordial grouillait d’entités similaires, mais nous manquons encore des instruments (ou de chance) pour les repérer.
Une chose est sûre : chaque découverte de ce type nous rapproche un peu plus de la compréhension de l’enfance de l’Univers. Cette quête de compréhension repose sur des télescopes géants, des algorithmes pointus, et une volonté continue d’explorer l’inconnu.
Par Gabrielle Andriamanjatoson, le
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