Le jeu Silent Hill a révolutionné le genre survival horror à la fin des années 1990 grâce à son approche psychologique de la peur et son univers extrêmement travaillé. Mais saviez-vous que l’histoire de cette ville fantôme fictive s’inspirait de faits réels ?
UNE APPROCHE NOVATRICE
Sorti en 1999 sur Playstation, le premier volet de la saga Silent Hill contribue à redéfinir les contours du jeu d’horreur grâce à son identité visuelle marquée, influencée par l’univers de H.P Lovecraft et les réalisations de David Lynch, et sa bande-son envoûtante.
Le titre de Keiichiro Toyama propose une mise en scène ingénieuse, un scénario recherché et des personnages profonds, qui le démarquent de l’approche série B adoptée par la saga Resident Evil.
Ce premier volet se déroule en dans la ville fictive de Silent Hill, station balnéaire du Maine au lourd passé qui a été ravagée par un incendie sept ans plus tôt. Le joueur vit un véritable cauchemar éveillé et est amené à affronter ses peurs les plus profondes afin de découvrir les véritables raisons qui l’ont conduit jusqu’à cette ville maudite.
La ville quasi-déserte est plongée dans un épais brouillard, les routes permettant d’y accéder sont coupées, et ses environnements parcourus par d’étranges créatures évoluent constamment.
Si les visions cauchemardesques qui assaillent le joueur empruntent beaucoup à la mythologie lovecraftienne, le background de la ville s’inspire quant à lui d’un fait bien réel : l’incendie de Centralia.
LE BACKGROUND DE SILENT HILL S’INSPIRE DE L’INCENDIE DE CENTRALIA
UNE VILLE FANTÔME
Située dans le comté de Columbia en Pennsylvanie, Centralia, autrefois cité industrielle prospère, n’est plus répertoriée sur les cartes et ses accès routiers ont été condamnés.
Les curieux qui décident d’ignorer les panneaux d’avertissement découvrent un paysage désolé. D’épais nuages de fumée s’échappent des routes craquelées, et quelques bâtisses abandonnées témoignent d’un passé pas si lointain.
L’histoire débute en 1962. Des ouvrières brûlent des ordures dans une ancienne mine de faisant office de décharge, l’une des veines de charbon s’enflamme et le feu se répand à travers les mines abandonnées qui courent sous le sol de la ville.
Durant près de 20 ans, les autorités dépensent des millions de dollars pour tenter de contenir l’incendie : les mines sont inondées, des tranchées sont creusées et la matière en combustion déterrée… en vain.
L’incendie de Centralia attire l’attention du pays en 1981, lorsqu’un enfant manque de disparaître au fond d’un gouffre de 46 mètres s’étant brutalement ouvert sous ses pieds.
UN ENFANT MANQUE DE DISPARAÎTRE AU FOND D’UN GOUFFRE EN 1981
L’état de Pennsylvanie est contraint d’évacuer la ville en raison des risques grandissants d’effondrement et des fortes émanations de monoxyde de carbone. Il débloque 42 millions de dollars en 1984 pour dédommager et reloger ses habitants.
En dépit des manifestations évidentes de l’incendie, les habitants restent divisés au sujet au sujet de sa dangerosité. Si la plupart acceptent rapidement d’être relogés, certains s’opposent longtemps au rachat de leurs biens.
Quelques années plus tard, la ville est finalement effacée des cartes et ses accès routiers sont condamnés. Son code postal est supprimé en 2002.
Suite aux travaux de démolition entrepris depuis les années 1980, il ne reste aujourd’hui à Centralia qu’une église, quatre cimetières, quelques habitations et un local municipal abritant un camion de pompier.
En dépit des nombreux risques, une poignée d’irréductibles continue à vivre dans cette ville fantôme embrumée et au sol crevassé. Leur espoir de voir les flammes cesser ne sera probablement jamais comblé de leur vivant : le feu continue de s’étendre et le sous-sol de la ville devrait brûler pendant encore plus de 200 ans.