L’eau consommable reste une ressource précieuse, à laquelle plus d’un tiers de la population mondiale n’a pas un accès sûr et durable. La désalinisation est une alternative pour la production d’eau potable, mais coûteuse en énergie et en infrastructures, l’industrie se partage entre des pays riches. Mais des initiatives plus récentes permettent un accès à l’eau potable durable et respectueux de l’environnement.
De grandes inégalités mondiales dans l’accès à de l’eau saine
Si l’eau est partout sur notre Terre, l’eau douce ne représente que 3 % du volume total. L’accès à l’eau potable est encore un privilège, tandis que 2,2 milliards de personnes n’ont pas droit, en 2019, à de l’eau traitée et gérée de manière sûre, et 297 000 enfants de moins de cinq ans meurent chaque année de diarrhées induites par un manque d’hygiène et la consommation d’eau impropre (ONU).
La pression portée sur les populations par un écart très réduit entre les besoins de consommation d’eau et sa disponibilité effective se nomme stress hydrique : 2 milliards de personnes vivent dans des pays confrontés au stress hydrique en 2019, et près de deux tiers de la population mondiale ont été confrontés à des pénuries d’eau pendant au moins un mois de l’année en 2016. Près de 800 millions de personnes ne peuvent pas disposer d’une source d’eau sûre à moins de 30 minutes, poussant à s’approvisionner dans des sources impropres, comme des sources et des puits non surveillés (430 millions), ou à la surface de lacs, rivières et étangs (140 millions).
Parce que les ressources en eau douce ne sont pas toujours disponibles, des pays se sont tournés vers la désalinisation, qui consiste à pomper de l’eau de mer, et la traiter pour la rendre propre à être consommée. Près de 20 000 usines existent aujourd’hui, mais de manière très inégalitaire à travers le globe : on en trouve principalement dans des pays riches, tels qu’Israël, les pays du Golfe et les Etats-Unis. L’Arabie saoudite est le leader mondial, avec plus de 12 millions de m3 adoucis chaque jour.
C’est en effet une pratique coûteuse, qui nécessite de grandes infrastructures pour le pompage, le traitement et l’acheminement de l’eau traitée. L’industrie explose au niveau mondial, mais ne reste malheureusement pas accessible à tous. En effet, la pratique nécessite de grandes quantités d’énergie : le procédé le plus répandu — l’osmose inverse — implique le passage de l’eau à grande pression à travers des filtres à l’échelle nanométrique.
Des initiatives pour offrir une sécurité à ceux qui en ont besoin
En 2015, une équipe française dévoilait Osmosun, l’un des tout premiers systèmes de désalinisation fonctionnant à l’énergie solaire, pour deux avantages évidents : la centrale devient autonome et ne consomme pas d’énergie supplémentaire, et se sert du soleil, dont l’énergie est inépuisable et logiquement se trouve plus dans les régions qui manquent le plus d’eau.
À l’aide de panneaux solaires et d’un système hydraulique variant selon l’intensité lumineuse, Marc Vergnet, son inventeur, promettait une consommation énergétique réduite et une baisse des coûts de production du m3 d’eau — 1,5 €, contre plus de 3 € pour les systèmes traditionnels alimentés au diesel.
L’alimentation par l’énergie solaire, si le système est fiable, permet d’offrir une indépendance que les régions à l’accès précaire à de l’eau potable ne possèdent pas forcément. En 2018, l’ONG GivePower construisait au Kenya sa toute première centrale de désalinisation alimentée à l’énergie solaire, afin d’offrir un accès à de l’eau potable aux habitants de Kiunga, un village proche de la frontière somalienne sur l’océan Indien, qui jusqu’ici devaient marcher jusqu’à une heure pour s’approvisionner en eau.
Cette centrale, contrairement à l’innovation française, dispose de batteries permettant une activité continue : le système, selon GivePower, peut produire près de 90 m3 d’eau chaque jour, soit les besoins quotidiens (boisson seule) de 35 000 personnes. L’organisme veut construire d’autres usines, notamment en Colombie et en Haïti, en comptant sur la contribution de volontaires et de donateurs.
Ce genre d’initiatives, si elles restent financées de l’extérieur, pourraient donc garantir une sécurité indispensable aux populations locales, tandis que l’urgence climatique menace aujourd’hui plus de 700 millions de personnes, qui pourraient être contraintes à l’exil en 2030. Le principe de désalinisation, qui demande encore à être amélioré — dans le rendement mais surtout dans le traitement du sel, aujourd’hui souvent rejeté à la mer après le traitement de l’eau, modifiant les écosystèmes —, offre à présent une autonomie durable dans l’accès à ce qui est et reste la matière première la plus indispensable : le futur dira si l’alliance des ressources solaires et aquatiques autour de la Terre deviendra un facteur de développement local, et un moyen efficace d’éviter de futurs mouvements massifs d’exode climatique.
Par Victor Chevet, le
Source: Sympa Sympa
Étiquettes: desalinisation, kenya, accès à l'eau, water stress, développement durable, centrale solaire
Catégories: Actualités, Écologie
On pourrait utiliser ce matériau dans la construction des carrosseries automobiles pour mieux absorber les chocs et garantir plus de protection aux conducteurs et passagers
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