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Ce que la chimiothérapie détruit en silence, une découverte française pourrait bientôt le réparer

Longtemps ignorés ou considérés comme inévitables, les effets secondaires neurologiques de la chimiothérapie pourraient enfin trouver un remède. Une avancée scientifique tricolore ouvre la voie à une protection efficace des neurones, sans compromettre les traitements anticancéreux. Des millions de patients pourraient bientôt en bénéficier.

Patiente sous chimiothérapie assise dans une salle de traitement, avec une illustration de neurones symbolisant la protection du système nerveux.
Une patiente en cours de chimiothérapie, accompagnée d’une visualisation des neurones pour illustrer les avancées prometteuses en matière de neuroprotection – DailyGeekShow.com / Image Illustration

Pourquoi les traitements contre le cancer abîment aussi notre système nerveux

La chimiothérapie… Ce mot qui glace le sang, mais que tant de patients accueillent comme un espoir. Sauf que derrière l’efficacité des traitements, il y a une face cachée redoutable : les neuropathies périphériques. Ces douleurs, engourdissements, picotements – souvent insoutenables – sont le prix silencieux payé par jusqu’à 90 % des patients sous certains traitements. Et même une fois le cancer vaincu, ces symptômes, eux, s’incrustent parfois pour des années.

Pourquoi ? Parce que certains médicaments, comme le paclitaxel ou le cisplatine, s’attaquent aussi aux cellules nerveuses. Résultat : des neurones endommagés, une qualité de vie en chute libre, et des médecins contraints de réduire les doses de chimiothérapie, au risque d’affaiblir l’efficacité du traitement. Jusqu’ici, aucun vrai bouclier n’existait contre ces effets.

Carba1, une molécule française qui protège les neurones sans nuire à l’efficacité des traitements

C’est là qu’intervient Carba1, une petite molécule française qui pourrait bien changer la donne. Mise au point par une équipe franco-américaine, en lien avec le CERMN de Normandie, elle a une particularité assez rare : elle agit sur deux cibles clés des cellules nerveuses.

D’abord, elle interagit avec la tubuline – l’échafaudage cellulaire responsable du transport dans les neurones. En modifiant légèrement cette structure, Carba1 permet aux traitements comme le paclitaxel de rester efficaces, mais à plus faible dose, limitant ainsi les dégâts collatéraux.

Mais ce n’est pas tout. Carba1 relance aussi le moteur énergétique des neurones : en activant l’enzyme NAMPT, elle booste la production de NAD+, carburant indispensable à la survie des cellules nerveuses. Résultat : des neurones plus résistants, capables de mieux encaisser les attaques des chimiothérapies.

Des tests en laboratoire et sur des rats montrent une protection neuronale spectaculaire

On pourrait croire à une théorie séduisante. Mais non : ça marche. En laboratoire, des neurones exposés à des agents chimiothérapeutiques gardent leurs prolongements intacts quand Carba1 est de la partie. Pas de fragmentations, pas de signes de dégénérescence. C’est presque comme si rien ne s’était passé.

Et chez le rat, le tableau est tout aussi encourageant. Traités au paclitaxel, les animaux développent normalement des douleurs intenses. Mais avec Carba1 en amont, la douleur ne s’installe pas, les nerfs restent sains, les marqueurs de dégénérescence ne s’emballent pas. Et – point crucial – la tumeur continue de régresser. Aucune perte d’efficacité du traitement.

Une start-up française prend le relais pour tester ce traitement sur les humains

Bien sûr, avant de crier victoire, il faut passer à l’humain. C’est la prochaine étape : une start-up a été créée pour poursuivre les essais cliniques. Mais tous les feux sont au vert. Pas d’effet secondaire visible, pas de croissance tumorale stimulée, et une vraie perspective d’amélioration de la vie des patients.

Alors oui, on n’y est pas encore. Mais pour des millions de personnes qui redoutent autant la chimiothérapie que ses séquelles, Carba1 pourrait devenir un allié précieux. Et qui sait ? Dans quelques années, on se souviendra peut-être de cette découverte comme d’un tournant dans la lutte contre les cancers… et leurs cicatrices invisibles.

Par Gabrielle Andriamanjatoson, le

Source: Science & Vie

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