On le croyait invincible, ou presque. Le frelon asiatique, arrivé en France en 2004, a depuis causé des ravages dans les ruchers, perturbé les écosystèmes et inquiété les promeneurs. Mais face à lui, une solution toute simple fait aujourd’hui de plus en plus parler d’elle : la nasse coréenne. Le tout pour moins de 10 €. Et ce n’est pas un gadget : son efficacité est désormais reconnue sur le terrain par de nombreux apiculteurs.

Comment fonctionne la nasse coréenne pour piéger les frelons sans nuire à la biodiversité ?
L’idée est géniale dans sa simplicité. La nasse coréenne est constituée d’un cylindre de grillage fin, coiffé d’un entonnoir calibré à 9 mm. Cette ouverture est à la fois assez large pour laisser entrer le frelon asiatique, mais trop étroite pour le frelon européen. Une fois à l’intérieur, le frelon ne parvient plus à retrouver la sortie. Pas besoin d’eau ni de piège mortel : il s’épuise, piégé naturellement.
Ce système a un autre avantage : il est sélectif. Contrairement aux pièges liquides (souvent à base de bière ou de sirop), la nasse laisse repartir les abeilles ou les petits insectes non ciblés. Le piège reste sec, préservant ainsi les espèces auxiliaires et réduisant l’impact écologique.
Quel appât utiliser pour attirer les frelons en automne (et où le placer) ?
C’est en automne que la nasse devient votre meilleure alliée. Pourquoi ? Parce que c’est à cette saison que les futures reines fondatrices quittent les nids pour hiverner. Si vous les capturez maintenant, vous évitez des centaines de nids l’année suivante.
Mais pour les attirer, il faut leur parler leur langage : protéines et couvain. Mieux vaut donc oublier le sucre, trop généraliste, et miser sur des appâts naturels comme du miel, du pollen, un peu de cire ou des restes de poissons ou viandes riches en odeur. Les appâts doivent être changés régulièrement.
Côté emplacement, jamais directement sur la ruche. L’idéal est de placer la nasse à quelques mètres, près d’un point d’eau, ou à l’endroit où vous avez remarqué une activité suspecte.
Comment entretenir le piège pour qu’il reste efficace tout l’automne ?
La maintenance est essentielle pour garder une nasse attractive. Chaque semaine, retirez les frelons morts et vérifiez l’intégrité du grillage. Petit bonus : les frelons vivants capturés émettent des phéromones de stress qui attirent leurs congénères. Moins on vide le piège trop souvent, plus il reste « intéressant » pour la colonie.
Si vous constatez que trop d’insectes non cibles sont pris au piège, ajustez le calibrage ou l’appât. Le but est de limiter au maximum l’impact sur les autres espèces, en particulier les pollinisateurs.
Pourquoi ce piège artisanal peut à lui seul changer la donne face aux frelons ?
Chaque frelon capturé, c’est une pression de moins sur vos abeilles. Et chaque reine fondatrice piégée, c’est un nid en moins au printemps. Dans un contexte où les produits chimiques montrent leurs limites (risques pour les abeilles, coûts élevés, usage réglementé), ce type de piège artisanal s’impose comme une solution low-tech puissante et durable.
De plus en plus d’apiculteurs, mais aussi de particuliers en zone semi-rurale, s’en emparent. Parce qu’il est simple à construire, peu cher, réutilisable et très ciblé. Bref, tout ce qu’on aime quand on veut agir concrètement pour la biodiversité, sans outils complexes ni matériaux polluants.
Et si la meilleure arme contre le frelon asiatique était finalement un peu de grillage, une bonne idée… et un peu de patience ?
Par Eric Rafidiarimanana, le
Catégories: Sciences, Animaux & Végétaux