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Ce fragment de roche oublié dans les Balkans pourrait réécrire ce que l’on croyait savoir sur le ciel et le temps

Et si nos ancêtres comprenaient le ciel mieux qu’on ne le pense ? Dans les montagnes des Rhodopes, une pierre gravée de 56 cavités intrigue : serait-ce la plus vieille carte stellaire d’Europe de l’Est ? Ce vestige suggère une lecture rigoureuse du ciel, bien loin des simples croyances.

Pierre gravée de constellations préhistoriques dans les montagnes des Rhodopes, interprétée comme une ancienne carte stellaire orientée est-ouest
Cette roche gravée découverte dans les montagnes des Rhodopes pourrait représenter une carte du ciel préhistorique, témoignant d’une observation précise des étoiles par nos ancêtres – DailyGeekShow.com / Image Illustration

Une découverte fortuite dans les Rhodopes qui révèle une organisation céleste d’une étonnante précision

En 2013, deux chercheurs bulgares, Georgi Georgiev et Ivelina Georgieva, explorent une forêt des Rhodopes. Ils tombent sur une roche massive orientée est-ouest, traversée d’une veine de marbre blanc. Ce détail brillant éveille leur curiosité et les pousse à s’approcher pour l’étudier. La surface de la pierre est ponctuée de 56 cavités coniques, soigneusement réparties.

Leur régularité exclut toute origine naturelle. La découverte semble clairement le fruit d’une volonté humaine, pensée et exécutée avec minutie. En observant ces marques, plusieurs constellations connues se dessinent : la Grande Ourse, Léo, Cassiopée. Ce n’est plus une simple curiosité géologique, mais un objet rituel ou scientifique. Les deux chercheurs perçoivent immédiatement son potentiel historique.

L’émotion est palpable : à première vue, certaines cavités dessinent des constellations reconnaissables comme la Grande Ourse, Léo ou encore Cassiopée. Pour les chercheurs, il ne s’agit pas d’une simple curiosité naturelle mais bien d’une tentative humaine de figer le ciel dans la pierre.

Une carte astronomique gravée dans la roche où chaque cavité semble refléter la brillance d’une étoile

Ce qui frappe, c’est la précision de l’agencement : les diamètres des cavités varient, semblant refléter la magnitude apparente des étoiles. Autrement dit, les plus grands creux correspondraient aux étoiles les plus brillantes. Une lecture intuitive, presque didactique, qui pourrait évoquer une forme d’enseignement ou de transmission de savoir astronomique.

Autre détail fascinant : la présence de mica dans la pierre. Ce minéral produit un scintillement sous les rayons du soleil, accentuant l’effet visuel d’un ciel étoilé en plein jour. Un choix sans doute symbolique, et peut-être même rituel. Car on n’enlève pas 56 morceaux de roche de façon aussi méthodique sans raison.

Un dispositif ancien possiblement utilisé pour anticiper les saisons et structurer la vie agricole et rituelle

Georgieva propose une hypothèse audacieuse mais convaincante : la pierre aurait servi de calendrier stellaire. En observant les alignements des constellations représentées, les populations locales pouvaient prévoir les changements de saison, planifier les semailles ou organiser des cérémonies. Une sorte de repère temporel ancré dans le paysage, plus fiable que le temps qu’il fait.

Mieux encore, à quelques mètres de là, une seconde pierre creusée d’une cavité orientée vers l’est pourrait avoir servi à marquer le lever héliaque de certaines étoiles — un phénomène astronomique utilisé depuis l’Égypte antique pour définir le début des saisons. À croire que les Rhodopes étaient un observatoire à ciel ouvert.

Une datation encore incertaine mais un ancrage fort dans les traditions cultuelles des peuples thraces

Impossible pour l’instant de dater la pierre avec certitude : aucune céramique, aucun ossement, aucun carbone. Les chercheurs s’appuient donc sur les sites voisins, notamment des nécropoles thraces et tumulus datés entre 2000 et 500 av. J.-C.. C’est mince, mais suffisant pour inscrire ce site dans une tradition rituelle bien documentée dans les Balkans.

Les similitudes avec d’autres sanctuaires préhistoriques renforcent cette lecture : orientation des pierres, alignements avec les solstices, usage astronomique des reliefs. Tout porte à croire que cette pierre était plus qu’un outil : un lieu de transmission, de mémoire et de pouvoir lié au ciel.

Et si cette pierre était notre premier planétarium ?

Je me suis surpris à imaginer une scène : une soirée d’été il y a 3000 ans, un ancien pointant les cavités d’un doigt calleux, expliquant à des enfants fascinés pourquoi la Grande Ourse tourne sans cesse, et quand les Pléiades annoncent les moissons. C’était peut-être ça, l’école d’autrefois.

Il reste beaucoup à explorer, mais cette roche nous rappelle une chose essentielle : nos ancêtres savaient lever les yeux vers le ciel, et y lire bien plus que des mythes. Leur lien au cosmos n’était pas seulement symbolique, il structurait leur compréhension du monde et du temps.

Par Gabrielle Andriamanjatoson, le

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