Imaginez une corde géante, tendue dans l’espace. Elle emporte 14 galaxies dans un même mouvement de rotation. Cette découverte spectaculaire d’un filament cosmique pourrait bouleverser notre compréhension des dynamiques galactiques et révéler l’influence cachée de la toile cosmique.

Un filament géant de gaz relie 14 galaxies dans une structure cohérente et invisible à l’œil nu
À 140 millions d’années-lumière de la Terre, des astronomes ont identifié une structure cosmique impressionnante. Il s’agit d’un filament de gaz long de 5,5 millions d’années-lumière. Ce dernier relie 14 galaxies riches en hydrogène, formant un ruban tendu dans l’espace. Sa cohérence maintient les galaxies dans un alignement étonnamment précis.
Grâce au radiotélescope MeerKAT, associé aux relevés DESI et SDSS, l’équipe a cartographié cette structure invisible à l’œil nu. En effet, les galaxies partagent une orientation commune, ce qui prouve qu’elles sont physiquement liées par ce filament gazeux, et non simplement alignées par hasard. Par conséquent, cette découverte renforce notre vision d’un univers structuré par une toile invisible.
Une rotation synchronisée à grande échelle qui remet en cause les modèles classiques de formation galactique
Ce qui défie les attentes, c’est que cette structure ne fait pas que relier des galaxies. Elle tourne sur elle-même. Telle un cylindre en mouvement, elle entraîne les galaxies dans une rotation collective, mesurée à 110 kilomètres par seconde. Il s’agit là d’une première à cette échelle cosmique.
De plus, ce phénomène ne relève pas d’un effet local. En effet, les galaxies situées de part et d’autre du filament se déplacent en sens opposés, comme si elles tournaient autour d’un axe commun. Ce comportement remet donc directement en question les modèles classiques, qui attribuent la rotation galactique à des interactions locales ou à des collisions.
Encore plus surprenant, les galaxies elles-mêmes tournent dans le même sens que le filament. Cette double cohérence – rotation du filament et rotation des galaxies – suggère un transfert d’élan. Autrement dit, la toile cosmique jouerait un rôle actif dans la dynamique interne des galaxies. Voilà une hypothèse encore jamais confirmée jusqu’à aujourd’hui.
Une archive naturelle du cosmos : ce filament jeune et stable révèle l’état primitif des galaxies
Contrairement à d’autres structures plus évoluées, ce filament est dynamique mais calme. Les galaxies qu’il contient sont riches en hydrogène neutre, un gaz essentiel à la formation stellaire. Elles n’ont pas encore subi de fusions ou de perturbations majeures. Cela suggère donc qu’elles sont restées dans un état cosmique primitif.
Par ailleurs, les chercheurs qualifient cette structure de « dynamically cold ». Autrement dit, elle présente très peu de turbulence ou de désordre cinématique. Grâce à cette stabilité exceptionnelle, elle devient une archive naturelle de la formation galactique. Elle nous offre ainsi un aperçu précieux du réseau cosmique originel, encore intact.
Une nouvelle piste pour comprendre comment les galaxies acquièrent leur rotation à travers la toile cosmique
Et si d’autres filaments comme celui-ci existaient ailleurs dans l’univers, encore cachés à nos yeux ? Avec l’arrivée des télescopes de nouvelle génération, comme le Vera C. Rubin Observatory, il sera bientôt possible de détecter davantage de rotations synchronisées. Cela permettrait alors de réviser en profondeur nos modèles d’évolution cosmique.
En effet, cette rotation à grande échelle montre que l’univers pourrait fonctionner selon des mécanismes progressifs. Plutôt que des événements violents, certaines galaxies pourraient acquérir leur élan rotatif via un transfert subtil par les filaments de gaz. C’est une hypothèse fascinante, qui mérite aujourd’hui toute notre attention.
Par Gabrielle Andriamanjatoson, le
Source: Science & Vie
Étiquettes: galaxies, structure cosmique
Catégories: Espace, Actualités