Peu de touristes qui visitent la capitale hongroise le savent, mais il est possible d’explorer une partie du gigantesque réseau de galeries souterraines immergées qui s’étend sur des kilomètres, 30 mètres sous terre. Enfilez votre masque et vos palmes et suivez le guide.

PLUS DE 32 KM DE GALERIES

Un nombre incalculable de bâtiments de la ville de Budapest, y compris son Parlement d’inspiration néo-gothique construit en 1902, ont été construits avec de la pierre calcaire issue des carrières souterraines du quartier de Kobanya (littéralement « le quartier des carrières de pierre ») situées sur la rive droite du Danube.

Du Moyen Âge à la seconde moitié du XIXe siècle, l’exploitation continue de ces carrières a donné naissance à un incroyable réseau de galeries souterraines long de plus de 32 kilomètres, à une trentaine de mètres sous les pavés des rues de la ville.

Le somptueux Parlement de Hongrie (construit avec des pierres extraites des carrières de Kobanya) photographié depuis les rives du Danube

LA MAJORITÉ DES GALERIES SONT AUJOURD’HUI INONDÉES

Lorsque les principaux puits et chambres des carrières ont été inondés au milieu des années 1990, les pouvoirs publics locaux ont dépêché un petit groupe de plongeurs afin de nettoyer les galeries immergées, et ces derniers se sont rapidement rendus compte que certaines salles de la carrière étaient parfaites pour la plongée loisir.

Parmi les habitués des lieux, on trouve aujourd’hui le technicien d’intervention en réseaux électriques Kornel Domjan, qui s’est mis à la plongée en 2003 pour se remettre de ses blessures (rupture de la rate, côte cassée et hanche fêlée) après avoir lourdement chuté d’un toit.

C’est l’un de ses collègues qui lui avait suggéré de faire de la plongée sous-marine afin de récupérer plus rapidement et de dompter sa peur du vide, pour pouvoir un jour retravailler à des hauteurs vertigineuses. Il a donc commencé à plonger au large de la Croatie et de l’Égypte, sans imaginer une seule seconde qu’il pouvait le faire sous sa propre ville, à moins de 5 kilomètres de son domicile.

Kornel Domjan se souvient avec émotion de cette découverte : « C’est un voisin qui a mentionné pour la première fois la possibilité de faire de la plongée sous-marine sous Budapest en 2009. Excité par cette idée, j’ai rapidement pris contact avec Attila Bolgar, un instructeur de plongée local, pour qu’il me fasse découvrir les différents sites accessibles ».

On compte quatre sites de plongée dans les carrières abandonnées de Kobanya. Park Kut est le seul ouvert aux plongeurs disposant de la certification de base, car certaines de ses chambres ne sont pas entièrement immergées et leur offrent davantage de sécurité en cas de problème. Les trois autres sites sont quant à eux interdits au public et uniquement accessibles aux plongeurs professionnels.

Sur le site de Park Kut, il est possible de plonger jusqu’à 17 mètres sous la surface de l’eau (soit 47 mètres sous les pavés des rues de la ville) dans une eau à 12° C. Pendant la quarantaine de minutes nécessaires pour explorer la totalité des chambres souterraines, les plongeurs ont l’occasion d’observer d’anciens équipements miniers qui les renseignent sur la façon dont les pierres ont été extraites pendant des siècles.

Selon Bolgar, l’extraction de calcaire a pris fin en 1890 à Budapest. Vignerons et brasseurs ont ensuite utilisé les galeries pour le stockage ou la fermentation de leurs breuvages, et on estime que l’ensemble des chambres aujourd’hui utilisées pour la plongée ont été creusées par ces derniers pour extraire de l’eau douce.

Durant la Seconde Guerre mondiale, certaines parties de cet étonnant réseau souterrain ont servi d’abri à des milliers de Budapestois lors des bombardements, et c’est également à cette époque que trois églises, dont une de style gothique, ont été sculptées dans les parois des carrières.

TROIS ÉGLISES ONT ÉTÉ SCULPTÉES DANS LES PAROIS DES CARRIÈRES DE KOBANYA DURANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE

Les plongeurs qui ont la chance d’explorer les carrières inondées de Kobanya découvrent tout un pan de l’histoire de la capitale hongroise

Les historiens estiment que près d’un million de mètres cubes de pierre a été extrait des carrières de calcaire de Kobanya au fil des siècles, et la plupart de ces blocs ont servi à construire certains des bâtiments les plus emblématiques de la ville. Aujourd’hui, la partie non inondée des galeries est ouverte au public quatre fois par an, à l’occasion de compétitions de cyclisme et de course à pied.

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