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Le destin tragique de Carl Wilhelm Scheele, le scientifique sous-estimé qui a découvert l’oxygène

Carl Wilhelm Scheele fait partie des chimistes les plus sous-estimés de tous les temps. Responsable de la découverte de l’oxygène, l’homme a connu une fin tragique après avoir manipulé pendant des années des produits hautement toxiques.

Scheele naît en décembre 1742 à Stralsund, une province suédoise appartenant au Saint-Empire romain germanique située aujourd’hui en Allemagne. Issu d’une famille particulièrement nombreuse, il ne peut recevoir une éducation générale complète, et n’est initié à la science qu’à l’adolescence.

Statue de chimiste Carl Wilhelm Scheele visible dans le parc de Humlegarden à Stockholm, Suède

À l’age de 14 ans, il est envoyé à Göteborg et devient apprenti apothicaire chez un ami de la famille. Pendant huit ans, il s’initie à la chimie, dévore les livres sur le sujet, et passe des nuits entières à pratiquer des expériences en utilisant les produits chimiques à sa disposition.

Scheele parcourt ensuite le Saint Empire romain germanique. Il travaille pour différents chimistes, approfondit ses connaissances et perfectionne ses techniques. En 1768, alors qu’il travaille en tant que pharmacien à Stockholm, il découvre l’acide tartrique, l’un des deux composés de base de la levure chimique que nous utilisons aujourd’hui.

IL DÉCOUVRE L’ACIDE TARTRIQUE EN 1768, COMPOSÉ DE BASE DE LA LEVURE CHIMIQUE

Deux ans plus tard, il dirige le laboratoire de la grande pharmacie de Locke. C’est là qu’il va devenir le premier homme à isoler et identifier l’oxygène, en analysant la réaction chimique étrange provoquée par le mélange du salpêtre fondu et de l’acide acétique.

Dans son laboratoire, Scheele utilise des outils rudimentaires comme des vessies de porc pour réaliser ses expériences

En se basant sur les théories de l’époque, Scheele nomme cet élément « air de feu », persuadé que l’oxygène est libéré lors de la combustion. L’homme ne sait pas encore que l’oxygène est en réalité un élément présent dans l’air qui facilite le développement du feu.

SCHEELE DÉCOUVRE L’OXYGÈNE EN 1773

Bien qu’il s’agisse d’une découverte historique dont la paternité est aujourd’hui attribuée au chimiste suédois-allemand, Scheele va rester dans l’ombre du scientifique anglais Joseph Priestley, qui redécouvre l’oxygène de façon indépendante en 1774, trois ans avant que les travaux de Scheele ne soient publiés dans son célèbre « Traité chimique de l’air et du feu ».

Entre 1770 et 1783, ce chimiste de génie va aussi découvrir l’hydroxyde de baryum, le manganèse, le molybdène, le tungstène et le chlore, et isoler les composés chimiques de l’acide citrique et lactique, ainsi que du cyanure, fluorure et sulfure d’hydrogène. Des composés qui permettent des avancées sans précédents dans les domaines de la médecine et des sciences alimentaires et dentaires.

La pharmacie de Scheele dans la ville de Köping, Suède

Fait insolite, il obtient pour la première fois du glycérol en faisant bouillir de l’huile d’olive avec de l’oxyde de plomb, un composé chimique qui va devenir la base indispensable de nombreuses préparations pharmaceutiques au cours du XIXe siècle.

La nature de son travail et les outils rudimentaires qu’il utilise l’exposent à de nombreux produits toxiques, nuisibles à sa santé. Il lui arrive même de goûter certaines des substances qu’il découvre, y compris des composés hautement toxiques comme le mercure ou le cyanure d’hydrogène.

SCHEELE EST EXPOSÉ À DE NOMBREUX PRODUITS TOXIQUES COMME LE MERCURE OU LE CYANURE

Conscient de sa santé fragile, il épouse la veuve d’un pharmacien suédois afin que cette dernière puisse hériter de son commerce installé dans la ville suédoise de Köping. Deux jours après son mariage, il décède à l’âge de 43 ans, vraisemblablement à cause de sa longue exposition aux différents produits toxiques qu’il manipulait.

Malgré ses nombreuses découvertes essentielles et le fait qu’il ait dédié sa vie à la chimie, le discret Carl Wilhelm Scheel n’a jamais été reconnu à sa juste valeur par la communauté scientifique de l’époque.

Par Yann Contegat, le

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