Aller au contenu principal

Des archéologues découvrent les témoignages d’une « forme d’élimination ultime » préhistorique

La vie au Néolithique était loin d’être un long fleuve tranquille

Des hommes préhistoriques dans une grotte autour d'un feu
— Gorodenkoff / Shutterstock.com

L’analyse d’ossements humains vieux d’un peu moins de six millénaires a révélé des signes récurrents de cannibalisme. Confirmant qu’un tel comportement était alors répandu, ils suggèrent également une forme « d’humiliation préhistorique ».

Des marques claires de cannibalisme

Provenant d’El Mirador, grotte du nord de l’Espagne occupée au cours du Néolithique, ces 650 fragments d’os ont été attribués à une dizaine d’individus qui vivaient dans la région montagneuse d’Atapuerca il y a environ 5 700 ans. Leur examen a révélé des marques claires de coupe laissées par des outils en pierre, indiquant que leur peau avait été retirée, et des sections translucides suggérant qu’ils aient été bouillis.

Selon Francesc Marginedas, de l’Institut catalan de paléoécologie humaine et d’évolution sociale de Tarragone, certains des os les plus longs avaient été fracturés à l’aide de pierres, vraisemblablement pour en extraire la moelle, tandis que les plus petits, comme les métatarses et les côtes, présentaient les stigmates de morsures humaines.

Son équipe a déterminé que la plus jeune victime avait moins de 7 ans, et la plus âgée un peu plus de cinquante. La datation au radiocarbone a permis d’établir que les chairs de ces 11 humains, probablement apparentés, avaient été consommées dans les jours suivant leur mort.

Une période de conflits

El Mirador est au moins le cinquième site espagnol à livrer des preuves solides de cannibalisme au Néolithique, marqué par l’émergence de l’agriculture. « Ce type de comportement était définitivement plus courant que nous ne le pensions initialement », écrivent les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue Scientific Reports.

Si certains de ces témoignages indiquent un cannibalisme de subsistance, les ossements récemment examinés refléteraient plutôt une période de conflits. Les analyses isotopiques ont montré que cette communauté sédentaire précoce n’était pas confrontée à la famine, tandis que le mélange de ces restes humains à ceux d’animaux rend la piste rituelle peu plausible.

D’après Marginedas, des restes humains datant de la même époque, exhumés de la grotte française de Fontbrégoua et de celle d’Herxheim, en Allemagne, suggèrent une période d’instabilité profonde, ayant vu d’anciennes communautés s’affronter pour le contrôle de terres. « Les études ethnographiques laissent penser qu’il s’agissait d’une forme d’élimination ultime et peut-être d’une façon d’humilier un groupe rival », conclut-il.

Le mois dernier, une étude avait montré que de très jeunes individus étaient déjà cannibalisés il y a 850 000 ans.

Par Yann Contegat, le

Source: New Scientist

Étiquettes: ,

Catégories: ,

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *