Découvrez le blob, cette créature indéfinissable qui est à la fois une plante, un animal et un champignon aux applications scientifiques infinies !
À LA DÉCOUVERTE DU BLOB
Les scientifiques l’appellent Physarum polycephalum, mais vous pouvez l’appeler par son surnom, le blob. Cette créature étrange est inclassable dans la catégorisation des espèces qui vivent sur la planète terre. Il est aujourd’hui considéré comme un mycétozoaire, une catégorie à part dans l’évolution puisqu’il s’agit d’une forme de vie primaire, voire archaïque, qui est apparue avant les premiers animaux et même les premiers végétaux.
Cet être unicellulaire emprunte à la fois des éléments du monde animal et végétal, mais aussi des champignons. Le blob a beau être unicellulaire, des milliers de noyaux se développent à l’intérieur d’une même membrane. Considéré par le passé comme une forme de vie extraterrestre grâce à sa résistance aussi bien au feu qu’à de nombreux produits chimiques toxiques, les scientifiques en savent aujourd’hui beaucoup plus sur lui.
D’OÙ VIENT LE BLOB ?
Le blob se trouve en général dans des sous-bois, autour de l’écorce des arbres, et préfère les milieux humides et sombres. Dans la nature, cet être unicellulaire peut mesurer jusqu’à 10 m², un record absolu et jusqu’à récemment inimaginable pour une forme de vie aussi basique. Il est aussi important de comprendre que le Physarum polycephalum n’est qu’une parmi un millier d’espèces de blobs présents sur terre.
Plus encore, son système de reproduction est absolument incroyable puisqu’il existe 720 genres sexuels chez le Physarum polycephalum, ce qui signifie qu’au moment de se reproduire avec un autre de son congénère, il a 719 chances de réussir. Cette petite chose se déplace, à une vitesse d’environ 2 à 4 centimètres par heure, à l’aide d’un système de veines à l’intérieur duquel coule un liquide. C’est le fait de pousser ce liquide qui lui permet d’avancer et de développer son réseau.
SON SYSTÈME DE REPRODUCTION EST ABSOLUMENT INCROYABLE PUISQU’IL EXISTE 720 GENRES SEXUELS CHEZ LE PHYSARUM POLYCEPHALUM
Une fois avoir atteinte une taille d’environ 1 m², il envoie des spores dans le but de se reproduire. Ces spores sont aussi éjectés lorsqu’il sent un danger. Ainsi, si une source de lumière trop forte apparaît ou qu’un autre danger est détecté, les spores ont pour mission de conserver la lignée, laissant derrière elle sa génitrice qui se dessèche.
LE BLOB A UNE PERSONNALITÉ
Encore plus étrange, Audrey Dussutour explique dans un livre publié récemment que les blobs peuvent avoir des personnalités très différentes les unes des autres. En prenant des échantillons de la même espèce, un Physarum polycephalum australien était très réceptifs aux exercices proposés, alors qu’un autre, japonais, misait tout sur la rapidité.
Un troisième, d’origine américaine, préférait une alimentation particulière… Plus surprenant encore, cette personnalité se conserve à travers le temps, puisque la chercheuse possède certaines souches depuis huit ans et que leur attitude n’a toujours pas changé. Son alimentation préférée reste les champignons dans la nature, mais en laboratoire, les chercheurs ont pris l’habitude de le nourrir de champignons.
UN ÊTRE UNICELLULAIRE INTELLIGENT
Ce qui fascine le plus les chercheurs à propos du blob, c’est son intelligence, qui est particulièrement remarquable et inédite de la part d’un être unicellulaire. En effet, les scientifiques pensaient jusque-là que l’intelligence était liée aux neurones et donc au cerveau. Les êtres vivants n’en n’ayant pas, comme certains êtres unicellulaires, devaient donc agir en fonction de leur instinct ou de leur programmation génétique.
IL POSSÈDE UNE INTELLIGENCE REMARQUABLE ET INÉDITE POUR UN ÊTRE UNICELLULAIRE
Il existe cependant quelques exceptions comme le ver plat qui, une fois entraîné, peut reproduire ce qui lui a été appris même après que sa tête ait été coupée et qu’elle ait plus tard repoussé ; ce qui indique que la mémoire peut être conservée au niveau cellulaire. Le blob peut quant à lui apprendre et retenir certaines informations, alors qu’il s’agit là d’un être unicellulaire, comme l’ont découvert les chercheurs toulousains.
Chaque cellule échange des informations avec les autres, ce qui permet au blob de conserver toutes les informations accumulées, et ce même si une cellule perd tout contact avec les autres. Pour découvrir cela, les scientifiques ont fait pousser un blob dans une boite de pétri et ont placé de la nourriture dans une autre boite juste à côté de la première. Le blob est naturellement attiré par l’avoine, aliment dont il raffole.
Un pont constitué d’agar, un gel qui permet au blob de se développer, a été installé entre les deux boîtes. La durée du passage d’une boite à l’autre était d’environ deux heures. À ce moment de l’expérience, les chercheurs ont ajouté un irritant sur la passerelle, un mélange composé de quinine, de café et parfois de sel, ce qui est inoffensif mais dérangeant.
UNE MÉMOIRE PARTAGÉE
La durée du voyage du point A au point B a alors mis trois fois plus de temps. En le passage s’est cette fois fait à travers de petits endroits dans le but d’éviter les substances irritantes. Cependant, après quelques jours, le blob a fini par comprendre que le café ou le sel n’étaient pas réellement dangereux pour lui et a repris son chemin habituel tout aussi rapidement.
Cela prouve une réelle capacité d’adaptation et de mémoire. Pour pousser l’expérience plus en avant, les scientifiques ont réalisé différentes paires de blobs : certaines qui savaient que le sel n’était pas dangereux pour eux, d’autres qui l’ignoraient et enfin des paires mixtes. Les chercheurs les ont alors fait rejoindre, ce qui a permis de mélanger tous les « souvenirs » puisque la nouvelle souche créée a traversé le pont sans s’inquiéter des irritants. Cela fonctionne également lorsque la souche créée est composée majoritairement de Physarum polycephalum n’ayant jamais participé à l’expérience.
LES BLOBS ONT FORMÉ UNE SORTE DE NERVURE QUI SEMBLE CONSTITUER LEUR ÉCHANGE D’INFORMATIONS
Enfin, les chercheurs ont aussi évalué la durée qu’il faut au blob pour échanger des informations avec ses congénères. Ils ont donc mélangé des souches « entraînées » et des souches « naïves » pendant une heure et l’aversion pour le sel existait toujours. Cependant, après trois heures de mélange, les blobs ont formé une sorte de nervure qui semble constituer leur moyen pour échanger l’information, puisque la nouvelle souche est devenue « entraînée ».
LES APPLICATIONS POSSIBLES POUR L’ÊTRE HUMAIN
Les chercheurs peuvent donc le sécher puis le ramener à la vie, ce qui lui permet de revenir à son état initial. Sa cellule est ainsi « nettoyée », et il se débarrasse ainsi de tous les éléments qui pourraient l’affaiblir. Le blob a aussi la particularité d’avoir un système veineux assez similaire à celui des tumeurs. Mieux le comprendre permettrait donc d’ouvrir la voie à une nouvelle réflexion autour des traitements en cancérologie. Pour l’environnement aussi, le blob pourrait avoir son utilité, puisqu’il a la capacité de recycler les déchets organiques et peut même absorber certains métaux lourds.
Dans le domaine de la santé, comprenez bien que les possibles applications paraissent aujourd’hui infinies pour les chercheurs. Certaines souches utilisées actuellement en laboratoire ont plus de 60 ans et peuvent être séchées, puis ravivées. Plus encore, le blob semble capable de vieillir et de ralentir, perdant de cette manière certaines de ses facultés.