Une protéine libérée dans l’organisme à la suite d’une lésion cérébrale pourrait indiquer les premiers stades de maladies neurodégénératives plus de 20 ans avant l’apparition des premiers symptômes. Explications.
Un biomarqueur extrêmement prometteur
Ces deux nouvelles études publiées dans la revue The Lancet Neurology suggèrent que l’augmentation des niveaux d’une protéine cérébrale particulière, appelée neurofilament à chaîne légère (NfL) et détectable dans le sang et le liquide céphalo-rachidien, pourrait constituer le premier signe avéré de maladies neurodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer, la maladie de Huntington, la maladie de Parkinson, la sclérose en plaques ou la maladie de Charcot.
Les chercheurs estiment que la neurodégénérescence associée à ce type de maladies débute des années, voire des décennies avant que les symptômes cliniques n’apparaissent. Suite à l’échec de nombreux essais de médicaments censés les traiter, les chercheurs commencent à croire qu’une fois les symptômes apparus, une grande partie des dommages neurologiques pourrait être irréversible. Il est donc essentiel de trouver des moyens de détecter ces maladies le plus tôt possible afin de pouvoir ralentir, voire stopper leur progression.
Une neurodégénérescence détectée jusqu’à 24 ans avant l’apparition des premiers symptômes pour Huntington…
Héréditaire et actuellement incurable, la maladie de Huntington se manifeste par des troubles moteurs cognitifs et psychiatriques s’aggravant avec le temps. Les premiers symptômes apparaissent généralement entre 30 et 50 ans et le décès des sujets survient en moyenne vingt ans après leur apparition.
Cette première étude incluait une cohorte de 64 jeunes patients porteurs de la mutation du gène de Huntington. Après avoir pratiqué différents essais et comparé leurs résultats à ceux d’un groupe témoin, les scientifiques ont estimé que les variations des niveaux de NfL dans le liquide céphalo-rachidien (LCR) permettaient de détecter cette neurodégénéréscence jusqu’à 24 ans avant l’apparition des premiers signes cliniques de la maladie.
« D’autres études ont montré que de subtils troubles cognitifs, moteurs et neuropsychiatriques peuvent apparaître 10 à 15 ans avant le début de la maladie », explique Rachael Scahill, co- auteure de l’étude. « Nous pensons qu’il serait idéal de commencer le traitement encore plus tôt, juste avant que les changements ne commencent dans le cerveau, mais il pourrait y avoir un compromis complexe entre les avantages du ralentissement de la maladie à ce stade et les effets négatifs d’un traitement à long terme. »
Selon les chercheurs, ce biomarqueur pourrait s’avérer particulièrement utile pour recruter des porteurs de la mutation asymptomatiques en vue d’essais pour de futurs traitements, et évaluer l’efficacité de ces derniers.
… et jusqu’à 22 ans pour la maladie d’Alzheimer
Si les niveaux de NfL dans le liquide céphalo-rachidien constituaient le biomarqueur de diagnostic précoce le plus efficace de la maladie de Huntington, il s’avère que pour la maladie d’Alzheimer, un simple test sanguin permettrait de détecter d’éventuelles variations.
Dans cette seconde étude, les chercheurs ont cherché à savoir à partir de quel âge l’augmentation de niveaux de NfL dans le plasma sanguin pourrait permettre de distinguer les personnes présentant un fort risque de développer la maladie d’Alzheimer. Pour ce faire, ils ont examiné plus de 1 000 sujets âgés de 8 à 75 ans, présentant une mutation génétique familiale particulière favorisant la survenue de la maladie. Et il s’est avéré que des niveaux croissants de NfL pouvaient être détectés 22 ans avant l’apparition des troubles cognitifs légers associés à cette forme de la maladie, apparaissant en moyenne vers 44 ans.
« Nos découvertes s’ajoutent aux preuves croissantes que l’analyse des niveaux de NfL dans le sang peut être utile pour détecter la neurodégénérescence, en commençant par des élévations très précoces et subtiles bien avant l’apparition des symptômes cliniques », souligne Yakeel Quiroz, auteur principal de l’étude.
Bien que les auteurs de ces deux études rappellent que des recherches supplémentaires seront nécessaires avant que ce type de test ne puisse être largement utilisé à des fins de diagnostic, ces premiers résultats constituent un véritable espoir pour le dépistage et la lutte contre les maladies neurodégénératives.
Par Yann Contegat, le
Source: New Atlas
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