Des chercheurs de l’Université de Yale pensent avoir identifié un marqueur biologique présent dans l’ensemble des régions du cerveau, qui pourrait les aider à diagnostiquer plus efficacement les personnes souffrant de stress post-traumatique (SSPT) ou de troubles dépressifs sévères.
Les personnes suicidaires présentent des niveaux plus élevés de ce marqueur
Connu sous le nom de mGluR5, ce marqueur est un récepteur de glutamate présent dans toutes les régions du cerveau, qui joue un rôle dans un certain nombre de fonctions comme le sommeil et la mémoire. Et il se trouve que les personnes ayant des pensées suicidaires présenteraient des niveaux plus élevés dudit marqueur. Comme l’a expliqué Irina Esterlis, professeure agrégée de psychiatrie à l’Université de Yale et auteure principale de l’étude : « Lorsque vous avez des patients souffrant d’hypertension artérielle, vous cherchez à réduire ces niveaux immédiatement, malheureusement, nous n’avons pas cette possibilité pour le stress post-traumatique. »
Pour le vérifier, les chercheurs ont rassemblé un échantillon restreint de sujets, et scanné cinq régions différentes de leur cerveau en utilisant un procédé d’imagerie médicale appelé TEP. Les personnes ayant participé à l’étude étaient divisées en trois groupes de 29 sujets : le premier comprenait exclusivement des patients souffrant de SSPT, le second des personnes souffrant de troubles dépressifs majeurs, et le troisième des personnes ne présentant aucun symptôme de l’un ou l’autre de ces troubles. Et il s’est avéré que chez les patients des deux premières catégories, les récepteurs de glutamate avaient tendance à se concentrer à l’extérieur des cellules du cerveau plutôt qu’à l’intérieur.
Le suicide est la seconde cause de décès chez les Américains âgés de 15 à 34 ans
Les scientifiques ont en effet constaté que cette tendance concernait environ 30 % des récepteurs des personnes atteintes de SSPT ou souffrant de troubles dépressifs, et l’analyse de ce marqueur biologique pourrait un jour permettre de prévenir plus efficacement le suicide. On rappelle qu’aux États-Unis, le suicide est la seconde cause de décès chez les personnes âgées de 15 à 34 ans. D’après les chiffres publiés par le National Institute of Mental Health, il y a eu deux fois plus de suicides que d’homicides (47 173 contre 19 510) en 2017, et il se trouve que les personnes ayant servi dans l’armée ou souffrant de stress post-traumatique sont beaucoup plus susceptibles de commettre un tel acte. En France, 9 000 personnes se suicident chaque année d’après Santé Publique France, il s’agit de l’un des taux les plus élevés d’Europe.
À l’heure actuelle, il n’existe que deux antidépresseurs approuvés pour le traitement du SSPT. Malheureusement, ces médicaments exigent généralement que les patients les prennent pendant des semaines ou des mois avant que les professionnels de la santé mentale ne puissent mesurer leur efficacité. Un laps de temps beaucoup trop long lorsque les personnes traitées souffrent déjà de pensées suicidaires. Bien que des études complémentaires soient nécessaires, l’analyse de ce marqueur biologique permettrait une évaluation plus claire des risques ou de la nécessité d’une intervention psychiatrique afin d’éviter que ces personnes n’attentent à leur vie.
Par Yann Contegat, le
Source: The next web
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