Si le bilinguisme a longtemps été assimilé à un handicap chez les jeunes enfants, aujourd’hui, il est largement avéré que la pratique de plusieurs langues dès le plus jeune âge est un grand bénéfice pour son développement.
Les polyglottes, premiers de la classe
C’est en 2017 que l’école publique St Stephen, en banlieue de Londres, a pris la tête du classement des meilleures écoles britanniques établi par le Sunday Times. Un fait surprenant quand on sait que 96 % des élèves n’avaient pas l’anglais comme langue maternelle.
Pour expliquer ce phénomène, une enquête menée par des chercheurs de l’Université d’Oxford démontre que les effets positifs du bilinguisme se feraient ressentir positivement au niveau des résultats scolaires des enfants dès l’école primaire. L’étude, portant sur 140 000 élèves scolarisés dans 1500 établissements britanniques, a été réalisée à la demande de la Bell Fondation, qui promeut les échanges culturels au travers de l’apprentissage des langues.
Les enfants maitrisant parfaitement l’anglais en seconde langue comme ceux qui en débutaient tout juste l’apprentissage ont été pris en compte par l’étude. Les résultats sont sans équivoque : à 7 ans, plus de 90 % des élèves qui parlent déjà couramment anglais obtiennent de bons résultats en lecture contre seulement 76,1 % des locuteurs natifs.
Même si les résultats sont moins significatifs sur les enfants en plein apprentissage de la langue, ils restent supérieurs que ceux des élèves monolingues. Cette différence de niveau est surtout significative aux âges de 5,7 et 11 ans rapporte le quotidien The Times, qui note également que « les élèves dont l’anglais est la seconde langue font mieux que leur condisciples locuteurs natifs au General Certificate Of Secondary Education » (certificat de fin d’étude, examen passé vers 16 ans au Royaume-Uni).
Quels bénéfices pour les enfants bilingues ?
Globalement, on estime que la moitié de la population est aujourd’hui bilingue. Si, mal informés, certains pédagogues conseillent encore aux aux parents immigrés de renoncer à leur langue natale à la maison, être polyglotte améliorerait à l’inverse notre capacité à être empathique ainsi que notre ouverture d’esprit. Le bilinguisme permettrait également d’améliorer la flexibilité mentale de l’enfant ainsi que sa faculté à être multitâche.
De plus, les enfants plurilingues seraient touchés plus tardivement que les autres par des maladies comme Alzheimer (78,6 ans en moyenne contre 75,4 ans pour les sujets monolingues). Continuer la pratique de la langue maternelle à la maison est donc chaudement recommandé : il s’agit d’une activité stimulante pour le cerveau, et les bienfaits du bilinguisme chez l’adulte ne sont plus à prouver. Une aubaine donc, pour les parents étrangers, qui ont donc tout intérêt à jongler entre dialecte du pays d’origine et jargon du pays d’adoption.
Par Alice Mercier, le
Source: Courrier International
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