
L’excavation d’un chantier antique à Pompéi a offert un aperçu sans précédent de la technique utilisée pour produire le béton romain, matériau antique réputé pour sa durabilité exceptionnelle.
Capsule temporelle
Proche de l’actuelle Naples, Pompéi avait été ensevelie sous des mètres de cendres volcaniques lors de la tristement célèbre éruption du Vésuve en 79 avant notre ère. Au fil des décennies, les campagnes de fouilles y ayant été réalisées ont contribué à éclairer le quotidien de ses habitants. Récemment, c’est un atelier dédié à la fabrication du béton qui a été mis au jour.
À l’intérieur, les archéologues ont découvert une série d’outils dédiés au brassage du matériau, des sacs de chaux vive et des fragments de tuiles. Sur ses murs, différentes annotations, précisant notamment l’emploi du temps des ouvriers et les quantités de matières premières utilisées.
« Ce site a été littéralement figé dans le temps », explique Admir Masic, chercheur au MIT et auteur principal de la nouvelle étude, publiée dans la revue Nature Communications. « Aucune reconstitution en laboratoire ne pourrait offrir un tel niveau de détail concernant les différentes étapes nécessaires à la production du béton romain. »
Excavations of a workshop that was buried in Pompeii almost 2000 years ago have given archaeologists unique insights into Roman construction techniques and the longevity of the empire’s concrete https://t.co/HxRB8kAP82
— New Scientist (@newscientist) December 9, 2025
Mélange à chaud
Sur la base de textes antiques, on supposait que les Romains mélangeaient de l’hydroxyde de calcium (ou chaux éteinte) et de l’eau avant que d’autres éléments, comme de la cendre volcanique, ne soient incorporés.
Les analyses chimiques réalisées par l’équipe de Masic révèlent un « mélange à chaud » impliquant de l’oxyde calcium (ou chaux vive), où l’ensemble des ingrédients minéraux étaient brassés et l’eau ensuite ajoutée. « La chaux éteinte était plutôt utilisée pour les mortiers de finition et les enduits », précise le chercheur.
Une telle technique de brassage permettait la conservation de clastes (amas de chaux) lorsque le béton durcissait. À mesure que des fissures se formaient et que l’humidité s’infiltrait, ces réservoirs de calcium se dissolvaient et se recristallisaient, où réagissaient avec les cendres volcaniques pour les combler et renforcer la microstructure du matériau.
Ces conclusions font écho aux précédents travaux de la même équipe, basés sur des échantillons de mortier prélevés sur les murs de la ville antique de Privernum, proche de Rome.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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