Il y a quelques semaines, une ONG canadienne a pu capturer une scène assez incroyable à l’aide d’un drone : un jeune narval égaré à des milliers de kilomètres de son habitat naturel a été adopté par un groupe de bélugas et évolue désormais avec eux.
« Ils le traitent comme s’il était l’un des leurs »
Au cours de l’été 2018, des biologistes québecois appartenant au Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM) ont eu l’occasion de capturer les images d’un jeune narval (reconnaissable sur la vidéo à ses tâches grises et sa défense) en train de nager au milieu d’un groupe d’une dizaine de bélugas du fleuve Saint-Laurent au Canada. Selon Robert Michaud, directeur du GREMM, ces derniers l’on complètement adopté : « Ils le traitent comme s’il était l’un des leurs, car autant ce narval que ces derniers nagent à la surface de l’eau en se frottant les uns aux autres ».
Les biologistes avaient déjà pu observer le narval en question évoluer aux côtés de ce groupe de bélugas en 2016 et en 2017, mais il a fallu attendre l’été 2018 pour que ces derniers réussissent à documenter ce fait étonnant. La vidéo visible ci-dessous a été prise grâce à un drone en juillet dernier, et elle devrait permettre aux chercheurs de mieux comprendre la dynamique de cette « famille recomposée » de cétacés.
L’union fait la force
Vivant habituellement dans les eaux glacées de l’Arctique, les narvals ne sont pas censés s’aventurer dans des zones du globe aussi méridionales, et la présence de l’un de leurs représentants, à des milliers de kilomètres de son habitat naturel, reste assez exceptionnelle. Si bélugas et narvals sont deux espèces étroitement liées, les biologistes estiment qu’il est extrêmement rare de les voir interagir ensemble. Selon Robert Michaud, ce jeune narval égaré a eu la chance d’être adopté par les bélugas, car ces derniers, en voie de disparition « se retrouvent souvent dans des situations difficiles ».
À la différence des narvals, les bélugas mâles socialisent et tissent des liens forts qui les mèneront à l’âge adulte lors qu’ils atteignent l’âge de cinq ou six ans. Il est donc désormais indispensable que le jeune narval « cultive ces liens » pour survivre et apprenne dans les faits « à être un béluga ». Comme ces deux espèces vivant habituellement jusqu’à 60 ans, il est probable que leur belle histoire ne fasse que commencer.
Par Yann Contegat, le
Source: Sciences et Avenir
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