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Des scientifiques ont disséqué la baleine la plus rare au monde, trouvée échouée en Nouvelle-Zélande

Ils ont fait une découverte surprenante

baleine
— © New Zealand Department of Conservation / Wikimedia Commons

En Nouvelle-Zélande, une équipe de scientifiques a eu l’opportunité rare d’étudier une baleine à dents de bêche, l’une des espèces les plus mystérieuses et les plus rares au monde. Ce mammifère marin a été retrouvé échoué sur l’île du Sud en juillet dernier, et sa dissection a offert de nouvelles informations sur son mode de vie et son anatomie. Cette découverte marque une étape importante dans la compréhension des baleines à bec, des créatures presque invisibles pour les chercheurs, tant elles évoluent dans des profondeurs marines inaccessibles.  

Une espèce énigmatique 

La baleine à dents de bêche, une espèce considérée comme extrêmement rare, n’avait jusqu’alors été aperçue que six fois, toujours sous forme de carcasses échouées. Les chercheurs n’avaient jamais eu l’occasion d’en observer un spécimen vivant, ni de procéder à une dissection complète. Ce fut le cas en 2023, lorsqu’un individu d’environ 5 mètres et de près de 1 400 kg a été retrouvé échoué. 

Cette découverte a stupéfié même les experts les plus chevronnés en cétologie, dont Anton van Helden, conseiller en sciences marines au ministère néo-zélandais de la Conservation, qui a immédiatement reconnu l’animal sur une photo. Le fait que cette baleine ait été retrouvée dans un état relativement préservé a permis aux chercheurs d’étudier son anatomie de manière approfondie. La baleine appartenait à la famille des baleines à bec, une catégorie d’animaux très difficile à étudier.  

Une étude de 2012 suggérait que ces baleines vivent à des profondeurs exceptionnelles dans l’océan Pacifique Sud, rendant leur observation très difficile. Avant cette découverte, les scientifiques connaissaient l’espèce principalement à travers des échantillons de dents et de mâchoires récupérés en 1874 et quelques restes partiels retrouvés dans les décennies suivantes. Même en 2010 et 2017, lorsqu’un spécimen s’était échoué sur des îles voisines, les chercheurs n’avaient pu que collecter des échantillons peu invasifs avant d’enterrer les carcasses.

Des découvertes inattendues lors de la dissection 

Les premiers résultats de la dissection ont permis d’éclairer plusieurs aspects inconnus de l’anatomie de cette baleine. Une des découvertes les plus surprenantes fut la présence de dents vestigiales dans sa mâchoire supérieure, un vestige évolutif qui témoigne d’une longue histoire de transition alimentaire. Ces petites dents, présentes chez d’autres espèces de baleines à bec, confirment que l’évolution de cette famille de baleines a favorisé un régime alimentaire basé sur la succion, principalement constitué de calmars.  

De plus, l’animal possédait neuf chambres stomacales, dont certaines contenaient des becs et des yeux de calmar, des vers parasites, et potentiellement d’autres restes d’organismes marins. Ces éléments renforcent l’idée que les calmars jouent un rôle central dans l’alimentation de cette espèce. 

Les scientifiques ont également identifié des structures intéressantes associées à l’alimentation et à la production de sons, ainsi que des muscles et organes importants pour mieux comprendre l’anatomie et le comportement de l’espèce. Bien que la dissection soit terminée, des analyses supplémentaires, y compris des tomodensitogrammes, continueront d’enrichir les connaissances sur la baleine.

Une collaboration avec la culture maorie 

Les chercheurs ont pu mener une dissection complète avec l’aide de membres de la tribu maorie locale, l’animal étant considéré comme un « taonga » (trésor sacré) dans leur culture. L’objectif était de combiner les savoirs traditionnels maoris et les connaissances scientifiques modernes pour mieux comprendre cette baleine rare.

Ainsi, les chercheurs ont travaillé en étroite collaboration avec les tribus locales pour mener cette étude. Rachel Wesley, une représentante du gouvernement tribal, a souligné l’importance de cette collaboration, qui a permis de combiner les connaissances indigènes avec les méthodes scientifiques occidentales.  

Selon les chercheurs, les blessures à la tête et la mâchoire cassée suggèrent que la baleine est morte d’un traumatisme crânien. Après la dissection, les iwi (tribus) locaux conserveront les mâchoires et les dents de l’animal, qui ont une signification culturelle importante pour les Maoris, selon l’Associated Press. Le reste du squelette, recréé en 3D, sera exposé au musée Tūhura Otago à Dunedin, permettant au public de découvrir l’un des mammifères les plus rares au monde.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: Smithsonianmag

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