De nouvelles analyses montrent que les baleines à bosse peuvent couvrir des distances bien plus importantes qu’on ne le pensait auparavant durant leur saison de reproduction, avec des spécimens parcourant plusieurs milliers de kilomètres pour trouver un partenaire.
Une preuve claire
Les baleines à bosse (Megaptera novaeangliae) sont présentes dans tous les grands océans de la planète. Celles du Pacifique Nord passent généralement leurs étés au large de l’Alaska et du Canada, où elles se nourrissent, avant de migrer en hiver dans les eaux proches du Mexique et d’Hawaï pour se reproduire. Alors que les scientifiques pensaient initialement qu’il existait deux populations distinctes, n’étant jamais amenées à se croiser durant la saison de reproduction, des recherches récentes (notamment les chants partagés par les cétacés) avaient suggéré que ce n’était pas nécessairement le cas.
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Biology Letters, James Darling et ses collègues du Whale Trust Maui à Hawaï se sont appuyés sur une base de données comprenant les clichés de plus de 26 000 baleines à bosse du Pacifique Nord photographiées depuis 1977 afin d’en savoir plus.
Les baleines présentent des motifs pigmentés distincts sur le dessous de leur nageoire caudale, permettant de les distinguer avec précision. À l’aide d’un logiciel, les chercheurs ont identifié deux spécimens photographiés à Hawaï et au Mexique au cours des mêmes saisons de reproduction.
Des milliers de kilomètres couverts en un temps record
Alors que le premier mâle avait parcouru 4 545 km, de Maui (Hawaï) à l’archipel de Revillagigedo (Mexique) entre le 23 février et le 17 avril 2006, le second avait réalisé le trajet inverse, parcourant les 5 944 km séparant Guerrero de Maui entre le 16 février et le 5 avril 2018. Il s’est également avéré que les deux cétacés avaient été repérés dans les aires d’alimentation du nord, au large des côtes canadiennes et alaskiennes, durant la saison estivale.
« Nos travaux montrent qu’il n’y a pas de populations distinctes de baleines dans le Pacifique Nord-Est, mais plutôt plusieurs groupes qui se chevauchent, ce qui remet également en question les méthodes utilisées pour déterminer leur statut de conservation », souligne Darling. « Depuis les années 1990, seules les baleines hivernant au Mexique sont considérées comme étant en danger. »
La vitesse de croisière des baleines à bosse est généralement estimée à 4 km/h mais les dates d’arrivée et de départ des deux spécimens suggèrent qu’ils nageaient beaucoup plus vite que cela. Bien que ces deux records concernent des mâles, les chercheurs estiment qu’il est probable que des femelles soient également amenées à réaliser de tels voyages.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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