Le déversement toujours plus important de plastique dans les océans est l’un des plus grands défis auxquels l’espèce humaine sera bientôt confrontée. Cependant, la découverte d’une nouvelle bactérie pourrait considérablement changer la donne, l’organisme se nourrissant justement de ce matériau fabriqué par l’Homme. SooCurious vous présente cette bactérie mangeuse de plastique.
Chaque année, environ 50 millions de tonnes de PET (pour polytéréphtalate d’éthylène) sont produites dans le monde. Ce matériau, massivement utilisé pour concevoir des emballages en tous genres, comme des bouteilles, n’est pas suffisamment recyclé, sa chaine moléculaire étant très résistante. Ainsi, seul 31 % du PET américain serait recyclé, et 50 % du PET européen. Le reste, lui, est conservé dans des décharges ou se retrouve dans les océans.
Des bouteilles en PET via Shutterstock
Ce problème de plus en plus inquiétant pourrait toutefois trouver une solution dans les travaux de chercheurs japonais, ceux dirigés par Kohei Oda, de l’institut de technologie de Kyoto et par Kenji Miyamoto, de l’université tokyoïte de Keio. Car leur équipe a analysé 250 échantillons environnementaux, comme des sédiments ou des eaux usées, provenant d’un site de recyclage des bouteilles en PET de la ville nippone de Sakai, dans la banlieue d’Osaka. En réalité, les scientifiques espéraient déceler la présence de micro-organismes consommant ce polyéthylène pour se développer.
Durant leur analyse, ils ont découvert Ideonella sakaiensis 201-F6, une bactérie se nourrissant de PET, s’en servant de source d’énergie et pour fabriquer le carbone nécessaire à sa croissance. Les chercheurs ont alors observé l’organisme dans un laboratoire à 30 °C – condition nécessaire à l’optimisation des résultats – et ont pu constater ses effets sur un petit morceau de plastique. Finalement, en six semaines, Ideonella sakaiensis avait complètement dégradé le PET.
Une image de Ideonella sakaiensis par microscopie électronique à balayage :
Concrètement, la bactérie décelée par les chercheurs sécrète une enzyme qui coupe les chaines de molécules en éléments plus petits. Ceux-ci sont alors abordés par l’organisme, puis recoupés par une seconde enzyme, avant d’être à nouveau assimilés. Grâce à ce processus, les scientifiques espèrent donc, à terme, pouvoir dégrader plus facilement le PET.
Mais outre son aspect écologique, l’intérêt pourrait aussi être économique. Car le PET étant composé de matériaux dérivés du pétrole, casser sa chaine moléculaire pourrait permettre « d’énormes économies dans la production d’un nouveau polymère en permettant de ne pas réutiliser de pétrole » selon Uwe T. Bornscheuer, biochimiste spécialiste de la catalyse enzymatique à l’université allemande de Greifswald.
Uwe T. Bornscheuer, à droite :
Pour l’instant, Ideonella sakaiensis 201-F6 a encore besoin d’ajustements pour être réellement fonctionnelle. Ces réglages concerneraient notamment le type de PET auquel elle s’attaque, ou encore la vitesse à laquelle elle dégrade le plastique. Reste que la bactérie est pour l’instant le meilleur espoir de l’humanité pour se débarrasser des tonnes de plastique qui polluent l’océan et avoir un espoir de recycler le PET pour en faire d’autres matériaux.
Selon une étude réalisée par la fondation Ellen McArthur, il devrait y avoir plus de plastique que de poissons dans les océans en 2050. La découverte d’Ideonella sakaiensis 201-F6 est donc idéale pour avoir une chance de résoudre ce problème. Si ce type de solutions écologiques vous intéresse, découvrez également comment les bouteilles en plastique que vous jetez peuvent être recyclées en papier.
Par Maxime Magnier, le
Source: scientificamerican
Étiquettes: recyclage, science, bactérie, plastique, recherche
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