Des chercheurs américains ont modifié génétiquement des bactéries afin qu’elles transforment le dioxyde de carbone présent dans l’air en composés largement utilisés dans les décapants et les désinfectants pour les mains.
« On pourrait comparer ce processus à la fermentation de la bière »
Dans le cadre de ces travaux publiés dans la revue Nature Biotechnology, Michael Köpke et ses collègues de LanzaTech (Illinois) ont étudié les différentes souches d’une bactérie productrice d’éthanol, Clostridium autoethanogenum, afin d’identifier les enzymes qui lui permettraient de produire de l’acétone, notamment utilisée pour fabriquer de la peinture et du dissolvant. Les chercheurs ont ensuite combiné les gènes de ces enzymes dans un seul organisme, et répété le processus pour l’isopropanol, utilisé comme désinfectant.
« Ces bactéries modifiées transforment essentiellement le CO2 présent dans l’air en substances chimiques », expliquent les chercheurs. « On pourrait comparer ce processus à la fermentation de la bière, avec des microbes dévoreurs de dioxyde de carbone remplaçant les levures utilisées pour consommer le sucre et fabriquer de l’alcool. »
Des expériences à plus grande échelle ont montré que les bactéries génétiquement modifiées consommaient 1,78 kilogramme de CO2 pour produire un kilo d’acétone, contre 1,17 kilogramme pour la même quantité d’isopropanol.
En comparaison, les procédés actuellement utilisés pour obtenir ces deux composés chimiques (impliquant l’usage de combustibles fossiles), génèrent respectivement 2,55 et 1,85 kg de dioxyde de carbone par kilo d’acétone et d’isopropanol produits.
Une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 160 %
Selon les auteurs de l’étude, la large adoption de ce procédé innovant par l’industrie des produits chimiques permettrait une réduction de 160 % des émissions de gaz à effet de serre. La technique pourrait également être rendue plus durable en utilisant les gaz résiduels d’autres processus industriels, comme la fabrication de l’acier.
« Notre approche jette les bases d’un nouveau mode de production des produits chimiques, sans émissions de carbone », conclut Köpke.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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