L’auto-cannibalisme est un phénomène étrange, encore peu répertorié, dont le principe est plutôt simple : un animal mange, pour une raison ou pour une autre, une partie de son corps. Quelle raison peut bien pousser un être vivant à commettre cet acte ? On vous explique !

PRIS AU PIÈGE

En 2006, des membres de l’association WWF dénonçaient la présence de pièges dans une région où vivaient des tigres de Sumatra, une espèce en voie de disparition. La raison de leur colère vient du fait qu’un des tigres se soit piégé une patte dans l’un de ces pièges. Comme cela peut arriver, le tigre ne s’est pas laissé mourir mais a préféré ronger sa patte jusqu’à amputation.

Cette histoire est courante chez les souris ou les loups, souvent victimes de pièges posés par les humains. Il s’agit là d’un des cas les plus courants d’auto-cannibalisme. Bien sûr, l’animal ne fait pas ça pour se nourrir, mais pour sa survie. Est-il alors possible qu’un animal se nourrisse intentionnellement de sa propre chair ?

L’OUROBOROS

1617,
Atalanta Fugiens, Emblème XIV,
Michael Maier (1569 – 1622)

IL REPRÉSENTE UN SERPENT (PARFOIS-MÊME UN DRAGON), MORDANT SA PROPRE QUEUE

L’ouroboros est un symbole récurrent dans de nombreuses civilisations. Il représente un serpent (parfois même un dragon), se mordant sa propre queue. Des traces de ce symbole représentant le cycle de la vie et de la mort sont présents dans l’Egypte Antique, en Grèce Antique et même dans la civilisation nordique.

Ce symbole ne vient pas de nulle part car comme en témoigne de récentes observations, il peut arriver dans certains cas qu’un serpent se mange lui-même. L’élaphe, un genre de serpent présent en Asie et en Europe a été retrouvé à de nombreuses reprises mort, étouffé après avoir ingéré la moitié de son propre corps. Selon Sally South, chercheuse et écologiste au Muséum d’Australie du Sud à Adelaide, ces exemples sont des cas d’auto-cannibalisme accidentels.

« La plupart des serpents utilisent une technique de détection thermique pour chasser leurs proies, il est donc peu probable que leur propre extrémité capture leur attention. (…) Mais certains serpents attirent leur proie avec des mouvements de queue pour simuler la présence d’un plus petit animal, comme un vers. Certains le font simplement parce qu’ils sont excités.

Les serpents ont un petit cerveau et sont plus réactifs que proactifs, ce mouvement peut donc attirer leur attention et les pousser à penser qu’il s’agit en fait d’une proie. » Cela peut également arriver lorsque le serpent fait sa mue et décide pour une raison encore inconnue de se nourrir de sa peau avant qu’elle ne soit totalement décollée de son corps, ce qui en général se termine plutôt mal.

ÉVOLUTION ET GROSSE FAIM

Certains animaux se nourrissent en revanche d’une partie de leur corps pour une raison bien précise : le grillon par exemple, se nourrit parfois de sa propre aile en cas de très grosse faim. Non seulement celle-ci est très nutritive, mais en plus, chez de nombreuses familles de grillons, les ailes antérieures servent plus de protection ou de carapace que de moyen de locomotion.

LE GRILLON SE NOURRIT PARFOIS DE SA PROPRE AILE EN CAS DE TRÈS GROSSE FAIM

Un autre exemple fascinant est celui de l’Ascidiacea, un animal sous-marin qui fait figure d’embranchement entre l’animal et le végétal. En effet, durant sa jeunesse à l’état de larve, cet animal dispose d’un système nerveux et d’une sorte de moelle épinière qui lui permet de se déplacer, mais une fois arrivé à l’âge adulte, l’Ascidiacea choisira un rocher, s’y installera et ne bougera plus jusqu’à sa mort.

Au moment de « l’installation » sur son rocher, l’animal digèrera ce qui lui servait autrefois de cerveau et le recycle alors en une sorte de ganglion qui fera office de cerveau. Si les capacités de ce nouvel organe sont beaucoup plus limitées, seule la fonction servant à se nourrir est conservée.

PLACENTOPHAGIE

Enfin, il est courant chez les femelles mammifères de consommer leur propre placenta et leur liquide amniotique pendant la naissance d’une portée. Cependant, les raisons pour lesquelles ces espèces font ça reste un mystère et il semblerait que ce soit, à première vue, pour des raisons très différentes d’une espèce à l’autre. Mark Kristal, chercheur à l’Université de Buffalo à New York pense qu’il s’agit là d’une technique pour calmer la douleur. C’est ce qui semble être le cas pour certaines souris. Cependant, cet acte est loin d’être une habitude et fait plutôt office d’observation occasionnelle.

Croyez-le ou non, il s’agit de placenta humain séché !

IL EST COURANT CHEZ LES FEMELLES MAMMIFÈRES DE CONSOMMER LEUR PROPRE PLACENTA ET LEUR LIQUIDE AMNIOTIQUE

Pour ce qui est de l’être humain, cette pratique dont vous avez peut-être entendu parler grâce à certains peuples, est extrêmement récente. En effet, très peu de traces historiques montrent des exemples de cultures ou de femmes à travers le monde qui consomment leur placenta après la naissance de leur enfant.

Aujourd’hui, ce phénomène semble se concentrer principalement en Asie dans certaines cultures pour des raisons de superstition et en Amérique du Nord. D’un point de vue scientifique, aucun bénéfice n’a été démontré. Si les arguments avancés généralement par les soutiens de la placentophagie est la prévention de ce que l’on appelle le baby blues, rien ne semble pour l’instant en prouver la validité. Il pourrait donc s’agir d’un effet placebo.

D’UN POINT DE VUE SCIENTIFIQUE, AUCUN BÉNÉFICE N’A ENCORE ÉTÉ DÉMONTRÉ

Le cannibalisme est beaucoup plus courant que l’auto-cannibalisme, un exemple frappant est celui de la mante religieuse © Oliver Koemmerling

Comme vous pouvez le voir, les cas d’auto-cannibalisme restent rares, du moins les cas volontaires, la plupart ne se résumant qu’à de tristes accidents d’animaux affamés…

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