Il y a environ 66 millions d’années, un objet gigantesque frappait la Terre et déclenchait une extinction massive. Des scientifiques américains affirment avoir remonté la piste du coupable jusqu’à son point d’origine.
Une origine discutée
La fin de la période du Crétacé s’est brusquement achevée lorsqu’un astéroïde d’environ 10 km de large s’est écrasé sur ce qui est aujourd’hui la péninsule du Yucatan, au Mexique. Cet impact aurait déclenché une série de cataclysmes à l’échelle mondiale (tsunamis, tremblements de terre, incendies, acidification des océans) et projeté suffisamment de débris dans l’air pour bloquer la lumière solaire pendant 18 mois. Ce qui aurait entraîné la disparition des trois quarts de la vie terrestre.
Alors que certains scientifiques estiment que le coupable était une comète provenant du nuage glacé de Oort, aux confins du Système solaire, d’autres pensent qu’il s’agissait plutôt d’un astéroïde provenant de la ceinture située entre Mars et Jupiter.
Des échantillons prélevés sur le site du cratère indiquent que l’impacteur était de type chondrite carbonée. Ces roches riches en carbone sont constituées de matériaux vierges remontant à la naissance du Système solaire et réfléchissant peu la lumière, c’est pourquoi les astéroïdes en étant composés sont souvent qualifiés de « primitifs sombres ». Mais si ces objets passent souvent près de la Terre, ils sont généralement trop petits pour causer les dégâts observés à Chicxulub. Pour cette nouvelle étude parue dans la revue Icarus, les chercheurs ont donc cherché à trouver les « frères et sœurs » plus imposants de cet impacteur.
« Pour expliquer leur absence, plusieurs équipes avaient simulé de grandes ruptures d’astéroïdes et de comètes dans le Système solaire interne, en envisageant des vagues d’impacts sur la Terre, la plus grande produisant le cratère de Chicxulub », explique Wiliam Bottke, chercheur au Southwest Research Institute et co-auteur de l’étude. « Si beaucoup de ces modèles présentaient des propriétés intéressantes, aucun ne correspondait de manière satisfaisante à ce que nous savions des astéroïdes et des comètes. »
Des simulations révélatrices
Il existe un endroit où ces gros cailloux se cachent : la ceinture extérieure d’astéroïdes. Mais les objets qui s’y trouvent sont sur des orbites assez stables, et par conséquent peu susceptibles de se diriger vers la Terre. Afin d’en savoir plus, l’équipe a simulé une ceinture principale d’astéroïdes composée de 130 000 roches spatiales virtuelles et les a suivies pendant des centaines de millions d’années. À la surprise générale, il s’est avéré que les astéroïdes de la taille de celui de Chicxulub frappaient la Terre dix fois plus souvent qu’estimé auparavant (une fois tous les 250 millions d’années environ).
Selon le modèle, les forces thermiques exercées sur les astéroïdes pendant des millions d’années peuvent les pousser lentement, jusqu’à ce qu’ils atteignent des régions agissant comme des « portes de sortie » gravitationnelles, qui modifient suffisamment leurs orbites pour qu’ils soient susceptibles de croiser la route de la Terre. Près de 50 % des roches l’ayant frappée dans la simulation étaient également des chondrites carbonées, et les chances que l’impact de Chicxulub ait été provoqué par l’un de ces astéroïdes primitifs sombres se sont révélées élevées.
« Ce résultat est intrigant non seulement parce que la moitié extérieure de la ceinture d’astéroïdes abrite un grand nombre d’impacteurs en chondrite carbonée, mais aussi parce que les simulations de l’équipe peuvent, pour la première fois, reproduire les orbites d’astéroïdes massifs susceptibles de s’approcher de la Terre », souligne Simone Marchi, co-auteur de l’étude. « Notre explication concernant la source de l’impacteur de Chicxulub s’accorde parfaitement avec ce que nous savons déjà sur l’évolution des astéroïdes. »
Par Yann Contegat, le
Source: New Atlas
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