Bien utiles pour le ménage, les Roombas font désormais partie des robots ménagers les plus répandus. En 2009, ils faisaient partie des robots les plus vendus au monde, avec pas moins de cinq millions d’exemplaires. Pourtant, ce petit robot, qui nettoie notre maison et transporte nos chats, pourrait devenir un réel espion au cœur même de nos maisons, diffusant des informations personnelles à de grandes entreprises. 

Les robots-aspirateurs, cartographes de nos foyers

Introduit en 2002 dans nos foyers, ce robot connecté, faisant office d’aspirateur autonome, a satisfait de nombreuses personnes qui ont pu se débarrasser d’une tâche ménagère déplaisante et fatigante. En 2015, iRobot met en vente son Roomba 980, le premier robovac connecté à internet. Ce robot, qui a su s’attirer un certain succès, enregistre silencieusement une cartographie de nos maisons. Si cette information semble anodine, il y a tout de même de nombreuses informations à exploiter dans cette carte établie et mise à jour constamment par le Roomba. En effet, celui-ci connaît le plan de sol de votre maison, la forme de tout ce qu’il y a au sol, les zones qui nécessitent le plus de nettoyage, et bien plus encore…

Ces données sont malgré tout nécessaires pour que le Roomba nettoie votre maison de manière efficace et puisse mettre à jour son cycle de nettoyage. Il lui permet de s’adapter aux divers changements et aux meubles que vous déplacez. Colin Angle, PDG de iRobot, est certain que cette collecte de données pourrait également être utile avec d’autres objets connectés dans un foyer, mais pour l’instant seuls les robovacs donnent des données assez précises. « Il y a tout un écosystème de choses et de services que la maison connectée peut livrer une fois que vous avez une carte riche du foyer, que l’utilisateur a permis de partager », a-t-il déclaré a Reuters.

Utile et faisant office de transport pour chat sur internet, les robovacs pourraient devenir des espions connectés du quotidien

Des données personnelles mises en vente

Selon Reuters, la société iRobot souhaiterait donc conclure un marché pour vendre ces cartographies de données à Google, Apple ou même Amazon dans les prochaines années. Toutes ces sociétés seraient donc en mesure d’utiliser les données personnelles sur les foyers des consommateurs. Des informations qui pourraient leur servir offrir le meilleur assistant de maison connecté, parmi un des exemples donnés. Pour Colin Angle, aucune donnée ne sera transmise si l’utilisateur n’a pas confirmé son accord au préalable.

Cependant, comme il nous arrive à tous de le faire, la plupart des usagers survolent les conditions de services et les politiques de confidentialité avant d’accepter d’utiliser les applications et les produits. Et même s’il est facile de rejeter la faute sur le consommateur trop hâtif, dans les politiques de confidentialité de iRobot, il est affirmé, dès l’achat du Roomba, que la société sera autorisée à partager vos informations personnelles. L’utilisateur peut malgré tout prévenir cette option en désactivant les fonctions de partages dans les paramètres, mais il n’en reste pas moins qu’elles sont actives dès l’acquisition du produit.

« Nous pouvons partager vos informations personnelles avec d’autres parties dans le cadre de toute transaction de la société, comme une fusion, la vente de tout ou partie des actifs ou actions de la société, la réorganisation, le financement, le changement de contrôle ou l’acquisition de tout ou partie de notre entreprise par une autre société ou un tiers, ou en cas de faillite ou d’une procédure connexe ou similaire ». Cette clause, mise en évidence par Gizmodo, que l’on retrouve dans tous les produits iRobot, offre donc la possibilité à l’entreprise de partager vos informations sans votre consentement réel.

Le Roomba dresse une cartographie du foyer de l’utilisateur, donnée qui peut s’avérer utile pour certaines compagnies

Quelles conséquences ? 

Comment les grandes entreprises pourraient se servir de cette cartographie de votre maison ? Ces données peuvent aider les concepteurs de nouveaux produits ou améliorer ceux déjà existants. Imaginons qu’une société comme Amazon, par exemple, veuille améliorer son enceinte connectée Echo. La cartographie spatiale du foyer de ses utilisateurs pourrait alors l’aider à mieux connaître l’acoustique des pièces, et donc à faire les changements nécessaires à l’optimisation du produit. Ces données peuvent également servir aux publicités ciblées. Comme pour les publicités sur internet, vous recevrez des annonces faites en fonction de ce que vous possédez et de la disposition de vos pièces.

Le Roomba agit donc comme un « espion » qui analyse votre pièce et pourrait à l’avenir transmettre les données aux diverses sociétés marchandes auxquelles il est affilié. Bien que pour de nombreux consommateurs, cette collecte de données ne soit pas un réel problème en lui-même (car « ils n’ont rien à cacher »), elle pose tout de même une question importante. Jusqu’où les grandes compagnies vont-elles aller pour s’immiscer dans le quotidien des utilisateurs ? Amazon n’a pas souhaité commenter cette possible vente de données ; quant à Apple et Google, ils n’ont pour l’instant pas répondu à la demande de commentaires.

Si dans la plupart des romans d’anticipation comme 1984 de George Orwell, le gouvernement se retrouve derrière le fameux « Big Brother », aujourd’hui le monde moderne fait plutôt face des grandes entreprises qui souhaitent exploiter nos données personnelles pour engranger de plus en plus de profits. Reste à savoir si nous privilégierons notre vie privée face au confort offert par ces objets connectés.

A l’avenir, même nos appareils ménagers pourraient observer et enregistrer nos moindres faits et gestes
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