Un arbre géant de 80 mètres a été découvert en Tanzanie. Il s’agit du spécimen le plus haut d’Afrique. Une taille moindre, mais comparable à celles de ses rivaux australiens et américains. Et une première en Afrique.
Un incroyable concours de circonstances
L’entandrophragma excelsum est un arbre de la famille des Méliacées assez répandu dans les régions subtropicales, notamment en Afrique Centrale. Mais habituellement, ces arbres ne font qu’entre 30 et 60 mètres. Un consensus semblait d’ailleurs établi pour considérer que le sol africain, plutôt pauvre, ne pouvait nourrir d’arbres de taille supérieure à 60 mètres. La seule exception connu était un eucalyptus de 80 mètres de haut d’Afrique du Sud (déraciné par une tempête en 2006). Mais cet arbre n’avait été introduit sur le continent qu’au XIXe siècle.
C’est pourquoi Andreas Hemp, un biologiste allemand de l’Université de Bayreuth, a arpenté l’Afrique pendant près de 25 ans avant de trouver l’arbre qui invalide cette thèse. Situé sur les hauteur du célèbre Kilimandjaro en Tanzanie, l’entandrophragma excelsum a pu bénéficier « de conditions climatiques favorables, avec d’importantes précipitations, des températures élevées et de faibles variations saisonnières », expliquent le biologiste et son équipe dans le article publié dans la revue Biodiversity and Conversation. Le colosse atteint ainsi la taille de 81,5 mètres de haut.
Des arbres oubliés
Entre 1000 et 2000 mètres d’altitude, l’arbre a également bénéficié d’un sol volcanique qui l’a peut être sauvé. En effet, sur ce sol peu propice à l’agriculture, il a été épargné de la déforestation. Il a ainsi pu grandir pendant plusieurs siècles pour atteindre cette taille étonnante (environ 600 ans d’après les calculs des scientifiques). Et il n’est pas le seul : les scientifiques estiment qu’ils pourraient être un millier environ à subsister dans des petites îlots de végétation, derniers témoins des forêts originaires d’Afrique.
En outre, l’industrie du bois n’est pas friande de cette espèce. Comparé notamment à l’acajou, très présent sous ces latitudes, le tronc de cette arbre (qui peut atteindre 2,5 mètres de diamètre tout de même), n’a que peu d’intérêt commercial. On peut dire que l’entandrophragma excelsum a donc profité pleinement d’un certain manque de notoriété.
Des géants en danger
Plus surprenant est le fait que ce spécimen et ses compagnons soient passés si longtemps entre les mailles du filet de la recherche scientifique. Focalisés sur l’étude de ses concurrents américains (les séquoias de Californie, plus hauts arbres du globe, atteignent parfois près de 115 mètres de haut), ont-ils délaissé l’Afrique ? Andreas Hemp a une autre explication : si le continent est globalement étudié par les biologiste, « beaucoup d’espaces restent mal étudiés […] en dehors des hotspots de biodiversité ».
Désormais connus, ces arbres sont malheureusement déjà en danger ! Bien que cet arbre ne soit pas sur la liste des espèces en danger, le biologiste allemand plaide désormais pour que les spécimens qu’il a découverts soient vite placés au plus vite dans le périmètre du Parc national du Kilimandjaro, seul moyen de protéger les derniers géants des forêts d’Afrique.
Par Tristan Castel, le
Source: Le Monde
Étiquettes: afrique, record, tanzanie, arbres-geants, foret-primaire, kilimandjaro
Catégories: Écologie, Actualités