Des chercheurs suisses ont établi que près d’un quart de la biomasse végétale était stockée sous terre, et que cette dernière renfermait une quantité totale de carbone équivalente à une décennie d’émissions anthropiques de CO2.
« La prise en compte de ce monde souterrain élargit nos perspectives »
Si la biomasse des plantes ainsi que la quantité de carbone qu’elles stockent en surface sont bien connues, grâce aux enquêtes de terrain et aux observations par satellite réalisées au cours des dernières décennies, une nouvelle étude publiée dans la revue Nature Ecology & Evolution a récemment mis en évidence le rôle insoupçonné de leurs ramifications souterraines dans sa séquestration.
Constatant que la quantité de carbone stocké sous la surface par les végétaux n’avait jusqu’à présent été estimée qu’à des niveaux très locaux, Constantion Zohner et ses collègues de l’ETH Zurich ont exploité les données de 18 000 études locales concernant le poids de leurs racines. Grâce à l’apprentissage automatique, l’équipe a pu extrapoler ces résultats afin d’établir une carte de la biomasse végétale mondiale.
Il s’est avéré que 24 % de celle-ci se trouvait sous terre, et qu’elle renfermait environ 113 gigatonnes de carbone, soit à peu près l’équivalent de 10 ans d’émissions mondiales de CO2. Selon les chercheurs, un tel pourcentage correspondait aux estimations réalisées dans le cadre d’étude antérieures, ayant estimé que la part de biomasse souterraine était comprise entre 20 et 30 %.
« De tels résultats nous donnent une meilleure idée de la taille et de l’emplacement des puits de carbone de la planète, ce qui nous aidera à mieux prévoir comment celui-ci sera séquestré ou libéré à mesure que le changement climatique s’accélèrera », estime Zohner. « La prise en compte de ce monde souterrain élargit nos perspectives. »
D’importantes disparités à l’échelle mondiale
La température et les précipitations semblent jouer un rôle important dans le développement des racines des plantes. Les chercheurs ont en effet constaté que les quantités de carbone souterrain les plus importantes étaient localisées dans les régions froides et sèches (les parts les plus élevées étant concentrées au niveau du plateau mongol), et les plus faibles dans les régions chaudes et humides.
En moyenne, à l’échelle mondiale, près de 22 % de la biomasse forestière est enfouie dans le sol, tandis que ce pourcentage atteint 47 % pour les zones arbustives et 67 % pour les prairies.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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