Des bactéries via Shutterstock
Depuis la découverte de la pénicilline, les antibiotiques font souvent office de médicaments miracles. Mais ils sont critiqués autant qu’ils séduisent. Trop utilisés pas les médecins, pas assez efficaces, dangereux pour les animaux. Autant de controverses qui font craindre à certains qu’un jour, les antibiotiques perdent toute efficacité, et nous laissent seuls face à la maladie. Ça serait « l’apocalypse des antibiotiques ».
Des chercheurs ont découvert une bactérie résistante à la colistine. Notamment en Chine, où l’on a détecté qu’une souche de maladies dangereuses comme E. Coli (ou colibacille) n’était plus éliminée par la colistine. Le plus inquiétant c’est que la souche identifiée (SHP45) est potentiellement transmissible à l’Homme. Sur 1322 patients hospitalisés dans le sud de la Chine, 16 patients étaient en effet infectés par des bactéries porteuses de la mutation. La bactérie était déjà résistante à la colistine chez un cinquième des animaux testés (804 bêtes, échantillons recueillis entre avril 2011 et novembre 2014).
Cette résistance est due à la surutilisation d’antibiotiques en élevage intensif. Avant même une quelconque maladie, les producteurs font avaler plein de cocktails aux animaux. L’adage, « mieux vaut prévenir que guérir » n’a jamais été aussi peu à propos.
Ça a fait frémir beaucoup de monde dans le milieu médical, car la colistine, c’est un peu le super-héros des antibiotiques. C’est le médicament que l’on utilise pour venir à bout des bactéries les plus virulentes. Même si les scientifiques ont tenté de calmer les plus inquiets, les « anti-antibios » se sont rapidement emportés, sûrs que c’en était fini de ces médocs.
Il est vrai que les antibiotiques n’ont pas que des amis, surtout à cause de la surprescription qui sévissait il y a encore quelques années. Si aujourd’hui le slogan « les antibiotiques, c’est pas automatique » résonne dans la tête de nombreux Français, ils n’en sont pas moins importants pour guérir les maladies et non, on ne devient pas résistant après quelques doses.
Oui, mais ils trainent de plus en plus une sale réputation, surtout lorsque l’on sait leur utilisation dans l’élevage intensif, où les producteurs confondent médicaments et vitamines. Aux États-Unis, 80 % des antibiotiques produits chaque année, soit 15 millions de kilos quand même, sont utilisés pour booster les systèmes immunitaires des cochons, vaches, poulets.
Les consommateurs se nourrissent donc de produits chargés en médicaments et c’est surtout à ce moment-là qu’ils risquent de développer des résistances. Mais il ne faut pas non plus tomber dans la psychose, il ne faut pas avoir peur lorsque des bactéries arrivent à résister aux antibiotiques, parce que ça arrive tous les jours, les bactéries évoluant tellement vite. Et les chercheurs découvrent aussi également régulièrement des molécules capables de lutter contre les maladies.
C’est notamment le cas de la teixobactine, antibiotique découvert plus tôt dans l’année, toujours dans les laboratoires, mais qui semble capable, pour l’instant, de venir à bout de tout ce que l’on connaît, la nouvelle arme atomique des médicaments.
Mais le plus intrigant n’est pas l’antibiotique lui-même, mais la façon dont il a été découvert. Les scientifiques ont utilisé « IChip », c’est une sorte de grosse puce électronique, sorte de mini-laboratoire capable de développer des médicaments directement dans la terre, la boue, au contact de la nature et des bactéries.
On ne sait pas si la teixobactine sera un jour commercialisée, mais l’utilisation de « IChip » est un vrai pas en avant pour la recherche. Cela permet de tester, de vérifier en conditions réelles, naturelles, les médicaments.
Mélangeons ces nouvelles technologies à des comportements plus responsables concernant l’utilisation des antibiotiques, plus de parcimonie, éviter de gaver les animaux de pilules, et nous pourrons peut-être éviter cette « apocalypse ». Et vous, prenez-vous des antibiotiques à chaque rhume ou faites-vous plus attention ?
Par Louis Royer, le
Source: Gizmodo