Si les superbactéries constituent aujourd’hui une menace sanitaire majeure, un nouvel antibiotique a permis d’éradiquer un grand nombre d’entre elles, tout en laissant largement indemnes leurs homologues inoffensives pour l’organisme.
La fabimycine
Les bactéries sont un bon exemple de l’évolution en action. Lorsqu’elles sont confrontées à des dangers environnementaux, comme les antibiotiques, seules les plus fortes survivent et se reproduisent, ce qui implique le développement de lignées capables de résister à ces composés. Dotées de différents mécanismes de défense (incluant des parois cellulaires plus épaisses), les bactéries gram négatives se révèlent particulièrement problématiques.
Tuant aujourd’hui plus que le paludisme ou le sida, l’antibiorésistance menace de nous ramener à un « âge sombre » où des infections autrefois mineures redeviendraient mortelles.
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue ACS Central Science, des chercheurs américains ont mis au point un nouveau candidat antibiotique prometteur. Partant d’un composé existant efficace contre les bactéries gram positives, l’équipe a modifié sa structure afin de tenter de le rendre plus performant contre les souches gram négatives.
Nommé fabimycine, celui-ci s’est révélé efficace contre plus de 200 colonies cliniquement isolées de superbactéries, comprenant un total de 54 souches de microbes comme E. coli, Klebsiella pneumoniae et Acinetobacter baumannii. Lors de tests effectués sur des souris, celui-ci a éliminé les cas de pneumonie ou d’infections des voies urinaires résistantes aux médicaments, en réduisant les taux de bactéries à un niveau inférieur à celui précédant l’infection.
Une action ciblée
Fait important, la fabimycine s’est montrée relativement sélective dans son attaque, laissant largement indemnes certains types de bactéries inoffensives. Ce qui constitue une amélioration significative par rapport à de nombreux antibiotiques existants connus pour éradiquer sans distinction de nombreux microbes bénéfiques, à l’origine d’un vaste éventail d’effets secondaires indésirables.
Affinant actuellement la structure du nouveau composé, les auteurs de l’étude travaillent également sur d’autres molécules, qui pourraient rapidement rejoindre notre arsenal dans la lutte contre les superbactéries et permettre de traiter efficacement certaines infections coriaces.
Par Yann Contegat, le
Source: New Atlas
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