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La vie d’Anne de Rochechouart, poète, sculptrice et première femme détentrice du permis de conduire

Une figure de liberté qui aura révolutionné son temps

Poétesse, sculptrice et surtout pilote automobile, Anne de Rochechouart a changé à jamais la place de la femme dans le milieu très masculin de l’automobile. Retour sur la vie d’une femme définitivement pas comme les autres, avec ses parts d’ombre et de lumière.

Née à Paris le 10 février 1847, la fille du comte de Mortemart connait une enfance souffreteuse, mais déjoue finalement les pronostics très pessimistes des médecins. À l’age de 20 ans, elle épouse le duc de Crussol le 10 mai 1867, et quatre enfants naissent de leur union.

Veuve dès 1878, elle prend en charge l’éducation de ses enfants. La duchesse d’Uzès organise notamment une importante expédition en Afrique dont elle confie le commandement à son fils ainé, afin de le sortir de sa vie de débauche. Celui-ci mourra finalement pendant l’expédition, emporté par la maladie à l’âge de 23 ans.

Anne de Rochechouart finance les activités politiques du général Boulanger, espérant qu’il aidera Philippe d’Orléans à rétablir la monarchie, et entretient aussi une amitié avec Louise Michel, une célèbre révolutionnaire, au retour de sa déportation.

Le 4 mai 1897, elle survit au terrible incendie du Bazar de la Charité, une vente de bienfaisance organisée au profit des plus démunis. La catastrophe coûte la vie à plus de 100 personnes, dont la plupart sont des femmes issues de la haute société parisienne.

ANNE DE ROCHECHOUART SURVIT AU TERRIBLE INCENDIE DU BAZAR DE LA CHARITÉ LE 4 MAI 1897

Elle organise le 15 juillet 1903 la journée de l’Élégance et de la Dentelle dans les jardins du Trocadéro afin de venir en aide aux marins bretons, et fait à cette occasion la couverture du magazine Fémina le 18 juillet 1903.

La duchesse d’Uzès est considérée par de nombreux historiens comme l’une des pionnières de l’automobilisme féminin, en devenant la première femme à passer et obtenir le « certificat de capacité », ancêtre du permis de conduire automobile, le 12 mai 1898.

ELLE FONDE L’AUTOMOBILE-CLUB FÉMININ EN 1926

L’Automobile Club de France n’acceptant pas les femmes parmi ses membres, elle décide de créer l’Automobile-Club féminin dès 1926. Anne de Rochechouart de Mortemart occupera sa présidence jusqu’à sa mort.

Elle est aussi la première personne de l’Histoire a être verbalisée pour excès de vitesse au volant de sa Delahaye type 1. Le 7 juillet 1898, le tribunal de Paris la condamne à cinq francs d’amende pour avoir roulé dans le bois de Boulogne à 15 km/h au lieu des 12 km/h autorisés dans Paris et les lieux habités par l’ordonnance de 1893.

La duchesse est élue présidente de l’Union des femmes peintres et sculpteurs en 1902, et occupe son temps libre en participant à de nombreuses chasses à courre. Personnage paradoxal à bien des égards, Anne de Rochechouart milite aussi au sein de la Société protectrice des animaux, avant que son amour pour la chasse ne l’en fasse exclure.

Elle soutient également la Fédération nationale des Jaunes de France, un syndicat ouvertement antisémite et hostile à la grève qui prône la collaboration entre les classes sociales et la délation.

Durant la Première Guerre mondiale, elle met au point avec l’aide du chirurgien Maurice Marcille le premier centre de soins mobile, constitué de 3 à 4 camions transportant équipes et matériel chirurgical, qui va révolutionner la chirurgie de guerre en permettant de soigner jusqu’à soixante blessés par jour sur le front.

Anne de Rochechouart préside aussi l’œuvre dite des bons-enfants qui protège les veuves et orphelins de la guerre de 14-18, ce qui lui permet de devenir chevalier puis officier de la Légion d’honneur pour l’ensemble de son œuvre. Elle disparait le 3 février 1933 à l’âge de 85 ans.

Personnage paradoxal, Anne de Rochechouart de Mortemart reste la première femme titulaire du permis de conduire et une pionnière de l’automobilisme féminin qui a aussi participé à révolutionner la chirurgie de guerre.

Pour aller plus loin, découvrez aussi l’incroyable destin de C. J. Walker, cette fille d’esclaves devenue première femme millionnaire des États-Unis.

Par Yann Contegat, le

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  • Tous les sites ne disent pas que c’est la première femme à avoir obtenu son certificat de capacité a conduire des véhicules a moteur !!!