Samurai Champloo est un anime qui fait à la fois office d’OVNI mais aussi de référence en matière d’animation. Imaginé par Shin’ichiro Watanabe, il vous conte les aventures de Mugen, Jin et Fuu, 3 voyageurs à la recherche d’un mystérieux samouraï. Sauf que dans leurs aventures, vous croisez des allusions au monde moderne et une bande-son hip-hop qui tranche comme un katana avec son univers, celui du Japon féodal. Focus sur cette oeuvre aussi culte que déroutante.
Après avoir réalisé Cowboy Bebop, Shin’ichiro Watanabe a décidé de se lancer dans un nouveau projet, la troisième série animée de sa carrière. Pour cette nouvelle œuvre, le réalisateur quitte le monde de la science-fiction pour celui du Japon de l’ère Edo. Avec cet anime, il souhaite réinventer l’histoire du Japon féodal tout en rendant hommage à un genre cinématographique très connu sur l’archipel : le Chanbara. Celui-ci dépeint des histoires de samouraïs solitaires marqués par des combats en deux temps : l’observation puis des attaques très rapides. En 2003, il se lance donc avec le studio Manglobe (jeune studio d’animation à qui il confiera par la suite la réalisation d’Ergo Proxy) dans la production de cette histoire de samouraï réinterprétée, celle de Samurai Champloo.
L’histoire est celle de Mugen l’extravagant et de Jin, deux rônins que tout oppose mais que le destin va réunir. Un jour, alors qu’ils s’arrêtent dans un salon de thé, l’une des serveuses, Fuu, est agressée par des clients. Mugen parvient à la sauver avec l’aide de Jin. Mais à la fin du combat, ce dernier se jette sur Mugen pour tenter de le tuer. En combattant, ils détruisent le salon de thé où travaille la jeune serveuse et tuent sans le vouloir le fils d’un magistrat. La pendaison est assurée mais avec l’aide de Fuu, ils parviennent à s’en sortir. Désormais sans emploi, la jeune fille parvient à convaincre les 2 guerriers de l’aider à trouver celui qu’elle recherche désespérément : un samouraï qui sent le tournesol. Commence alors pour les 3 acolytes une grande aventure qui va les faire voyager à travers tout le Japon.
Samurai Champloo a été diffusé au Japon entre mai 2004 et juin 2005 avant d’arriver chez nous quelques mois plus tard. La série, licenciée en France par Dybex, compte 26 épisodes de 24 minutes. Suite au succès de l’anime, une adaptation en manga comprenant 2 tomes a vu le jour, dessinée par Masaru Gotsubo. Acclamée à travers le monde aussi bien par les critiques que par les spectateurs, la série surprend autant qu’elle nous emporte. Entre humour, action et combats parfois sanglants, la série reprend ce qui a fait le charme de Cowboy Bebop tout en y ajoutant d’autres points forts, comme l’univers visuel.
Graphiquement, la série a bénéficié d’un traitement particulièrement soigné afin de dépeindre au mieux l’ambiance du Japon du Moyen Âge. Entre les kimonos colorés, les petites maisons en bois et la nature encore très sauvage, tout y est pour vous offrir un voyage au cœur du Japon d’autrefois. L’œuvre glisse même ici et là des références à des tendances histoires comme l’histoire politique du pays, l’art et même la mode. Un souci du détail qui se retrouve même dans le nom de la série. Le mot Champloo est en réalité le nom d’un plat japonais prononcé avec l’accent d’Okinawa : chanpuru. Et pourtant, celui-ci tranche avec les références au monde moderne, base des différentes aventures des 3 vagabonds. On peut ainsi voir des tags sur les murs, Mugen jouer au base-ball, des yakuzas et même des charpentiers chantant du rap.
En plus de son univers visuel, la musique tient une place majeure dans Samurai Champloo. Comme dans Cowboy Bebop, elle joue la carte du décalage par rapport à l’univers de l’oeuvre. Si les aventures de Spike mêlaient la science-fiction au jazz, ici Shin’ichiro Watanabe a décidé de mettre des sons hip-hop en plein cœur du Japon féodal. Deux univers très différents qui renforcent les anachronismes présentés dans la série. Et à l’image de la bande originale de Cowboy Bebop, celle de Samurai Champloo a été confiée à plusieurs grands noms du hip-hop japonais à et des artistes américains. Tout aussi marquante que la précédente, elle est variée et réunit via ses sons les artistes Nujabes, Force of Nature, Fat Jon et Tsutchie.
Aussi intense que la série qui l’a précédé, Samurai Champloo est un anime qui parvient dès les premières minutes à nous transporter dans le Japon du Moyen Âge. Tout comme son aîné, il joue sur le décalage pour nous surprendre et le résultat est très convaincant, que ce soit au niveau du scénario ou de la musique. Entre le road trip et le film de samouraï, Samurai Champloo est un véritable bijou de l’animation que l’on vous invite à voir ou à revoir. Quelle est votre série préférée de Shin’ichiro Watanabe ?
Par Justine Manchuelle, le
Étiquettes: manga, anime, samourai, shinichiro-watanabe, samurai-champloo
Catégories: Geek, Actualités