De nouvelles recherches suggèrent que la lumière vacillante des feux de camp, qui constituaient un important lieu de rassemblement pour les humains préhistoriques, pourrait avoir été utilisée pour « donner vie » à des œuvres gravées sur des pierres plates.
Cinéma primitif
Si les peintures anciennes observées sur les parois de nombreuses grottes européennes illustrent la capacité des artistes préhistoriques à représenter des animaux de façon étonnamment réaliste, le fait que celles-ci se situent généralement loin de leurs entrées implique qu’elles aient été en grande partie peintes à la lueur du feu.
Récemment, certains archéologues ont émis l’hypothèse que les anciens humains exploitaient cette lumière vacillante afin d’améliorer leurs œuvres. En produisant plusieurs images superposées sur la paroi de la grotte, ceux-ci pouvaient ainsi créer des animations rudimentaires, lorsque la lumière de leurs torches enflammées mettait successivement ces illustrations en valeur.
Publiées dans la revue PLoS One, de récentes recherches menées par Andrew Needham et ses collègues de l’université de York, au Royaume-Uni, suggèrent que cette forme primitive d’animation n’était pas cantonnée aux cavernes profondes. L’équipe a en effet découvert que certaines de ces illustrations semblaient avoir été gravées sur des pierres plates, placées près des foyers autour desquels les hommes de l’âge de pierre se réunissaient à la nuit tombée.
Des simulations révélatrices
Connues sous le nom de plaquettes, ces artefacts créés par des peuples dits « magdaléniens » il y a 13 500 à 16 000 ans avaient été mis au jour au 19e siècle dans l’abri sous roche de Montastruc, dans le sud de la France. La plupart d’entre eux mesurent 10 à 20 centimètres de long et comportent des représentations d’animaux (généralement des chevaux ou des rennes) gravées sur une ou deux faces.
Bien que l’on sache peu de choses sur la façon dont ces objets étaient utilisés à l’origine, Needham et ses collègues soulignent que la plupart d’entre eux possèdent une caractéristique commune : des traces d’exposition à la chaleur. L’absence de tels stigmates sur d’autres artefacts préhistoriques provenant de l’abri rocheux indique que les plaquettes en question étaient couramment placées près des feux de camp.
Afin de déterminer l’effet que la lumière vacillante des flammes pouvait avoir sur les plaquettes, l’équipe a produit des modèles informatiques 3D de ces dernières et utilisé la réalité virtuelle pour simuler une faible lueur dansant sur leurs surfaces. Les simulations ont montré qu’elle pouvait attirer l’attention du spectateur sur une plaquette, puis une seconde, créant ainsi une impression de mouvement.
« L’effet visuel devait être assez saisissant »
« L’effet visuel devait être assez saisissant, en particulier dans le contexte d’un feu de camp », estime Needham. « Il s’agissait d’un lieu de rassemblement important où nos ancêtres partageaient probablement des histoires, discutaient ou tissaient des liens après de longues journées passées à chasser ou à cueillir. »
Selon lui, cette recherche rappelle la nécessité de penser l’art ancien dans son contexte d’origine lorsque cela est possible.
« Ces œuvres ne se résument pas seulement à des lignes gravées ou peintes sur la roche, les conditions de luminosité dans lesquelles elles ont été réalisées et initialement observées doivent également être prises en compte », souligne le chercheur. « Cela change notre appréciation de ce qu’était l’art et de la façon dont il était utilisé par les Magdaléniens. »
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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