Les fourmis font partie des rares créatures à soigner les blessures de leurs congénères, et il semblerait qu’elles soient également les premiers animaux non humains connus à pratiquer des amputations salutaires.
Des expériences révélatrices
Si plusieurs espèces de fourmis, dont Megaponera analis, sont connues pour sécréter des substances antibiotiques à l’aide de glandes spécialisées, Erik Frank, de l’université de Würzburg, et ses collègues se demandaient quelles « parades » celles en étant dépourvues avaient développée pour venir en aide à leurs congénères.
Lors de l’étude en laboratoire de colonies de fourmis charpentières de Floride (Camponotus floridanus), l’un des membres de l’équipe a repéré un spécimen en train de mâcher la patte blessée d’un autre insecte. L’analyse ultérieure des séquences vidéo a révélé un nombre encore plus important d’amputations. Caractérisées par l’absence de résistance chez la fourmi blessée, ces opérations d’urgence concernaient systématiquement des blessures localisées au niveau de la partie supérieure des pattes.
La seconde partie de ces travaux, publiés dans la revue Current Biology, a consisté à infecter ce segment des membres de 72 fourmis charpentières avec un agent pathogène. Les chercheurs ont constaté que le taux de mortalité des spécimens amputés était inférieur de 90 % à celui du groupe témoin, indiquant que la procédure avait empêché sa propagation.
La répétition de l’expérience en ciblant cette fois la partie inférieure des pattes s’est traduite par un taux de mortalité similaire chez les insectes amputés et le groupe de contrôle. Ce qui serait lié à la physiologie même des fourmis charpentières : en l’absence de véritable cœur, ce sont les muscles concentrés dans la partie supérieure de leurs pattes qui assurent la circulation du sang, contribuant à la propagation de l’infection.
Un comportement probablement inné
Globalement, de telles découvertes approfondissent notre compréhension des mécanismes comportementaux chez les insectes sociaux.
« Les fourmis ne semblent procéder à une amputation que lorsque cela s’avère judicieux », commente Tomer Czaczkes, de l’université de Ratisbonne. « Mais il est peu probable qu’elles aient conscience de la portée d’un tel acte, vraisemblablement inné. »
Il ne s’agit pas des seuls comportements fascinants documentés chez ces insectes. Ces dernières années, des études ont montré qu’elles feignaient massivement la mort, et construisaient également des radeaux pour échapper à la noyade.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
Étiquettes: amputation, fourmi, insecte
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