La maladie d’Alzheimer continue encore aujourd’hui de faire de multiples ravages à travers le monde. Selon une récente étude menée par des chercheurs, la connaissance de plusieurs langues permettrait au cerveau de ralentir l’arrivée de la maladie. Néanmoins, lorsque les lésions surpassent les capacités du cerveau, la maladie se déclare bien plus rapidement et fortement.
Alzheimer se déclare plus tard si une personne maîtrise plusieurs langues
Face à Alzheimer, le cerveau agit comme une barrière. En effet, plus il est développé et enrichi, plus il ralentit le développement de cette maladie cognitive. Quand il ne parvient plus à lutter avec l’âge, les lésions l’attaquent plus rapidement et plus fortement.
Les spécialistes de la maladie appellent cette barrière “réserve cognitive”. Dans de récents travaux, des chercheurs ont montré que la faculté du cerveau à résister plus longtemps face à la maladie et aux conséquences qu’elle engendre en ayant recours aux réseaux neuronaux déjà existants ou bien en créant de nouveaux réseaux serait due au nombre de langues connues et maîtrisées. Un constat publié dans Alzheimer Disease and Associated Disorders.
Ces chercheurs ont notamment expliqué que le langage permet de stimuler certaines régions du cerveau durant de longues heures au cours d’une journée. Ainsi, cela paraît cohérent que la maîtrise de plusieurs langues ait un lien avec une “réserve cognitive” bien meilleure et permet de ce fait de retarder l’âge auquel les symptômes de la maladie d’Alzheimer apparaissent, souvent chez les personnes âgées.
Une maladie qui apparaît plus tard mais aussi plus rapidement
Afin de mener à bien leurs travaux, les chercheurs à l’origine de cette étude ont analysé 158 patients différents qui avaient obtenu un diagnostic de déficience cognitive légère. Ils étaient alors réévalués tous les six mois au sein d’un hôpital afin de voir si leur diagnostic progressait vers le développement de la maladie d’Alzheimer. Résultat : le diagnostic réalisé pour les patients bilingues avait progressé de manière bien plus rapide que celui des patients ne maîtrisant qu’une seule langue, soit en 1,8 an après un premier diagnostic contre 2,6 ans.
D’après ces chercheurs, les bilingues sont parvenus à contrebalancer le développement des symptômes de manière si efficace que les symptômes sont apparus plus tardivement. Ils précisent également que cela ne signifie pas que les patients bilingues sont plus fragiles face à la maladie d’Alzheimer. De plus, les personnes bilingues avaient reçu leur tout premier diagnostic de déficience cognitive légère à un âge plus avancé que celui des patients monolingues : 77,8 ans contre 75,5 ans. Quels que soient l’éducation, le niveau cognitif, le statut d’immigration ou le sexe des patients, ces résultats étaient identiques.
“Imaginez des sacs de sable retenant les vannes d’une rivière. À un moment donné, la rivière va gagner. La réserve cognitive retient l’inondation. Au point où ils étaient lorsqu’ils ont été diagnostiqués avec une déficience cognitive légère, ils avaient déjà une pathologie importante. Mais cela ne se voyait pas parce qu’ils étaient toujours capables de fonctionner, grâce à la réserve cognitive. Quand les réserves sont épuisées, les vannes sont fragilisées, et elles se brisent plus rapidement”, explique également Ellen Bialystok, directrice de ces recherches.
Être bilingue permet donc de mieux résister à cette maladie cognitive
Ainsi, les bilingues réussissent à mieux combattre les symptômes de la maladie d’Alzheimer que les monolingues. En moyenne, ils en développent les symptômes cinq ans plus tard que les monolingues. Tout cela s’opère donc grâce à une meilleure utilisation de leur système de contrôle exécutif cérébral qui leur permet de résister plus longtemps.
Les chercheurs expliquent également que les patients bilingues pourront alors conserver plus longtemps leur indépendance. “Étant donné qu’il n’y a pas de traitement efficace contre la maladie d’Alzheimer ou la démence, le mieux que vous puissiez espérer est de maintenir ces personnes en état de fonctionner afin qu’elles vivent de manière indépendante pour ne pas perdre le contact avec la famille et les amis. C’est énorme”, conclut fièrement Ellen Bialystok.
Par Cécile Breton, le
Source: Sciences et avenir
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