L’un des cauchemars les plus fréquents pour un parent est certainement de répondre aux pleurs d’un bébé. Incapable de communiquer par le langage, le bambin pleure dans le but de communiquer une certaine émotion, un certain message que nous ne sommes pas encore en mesure de bien décrypter. Mais bientôt, un algorithme pourrait bien rayer définitivement cette frustration. Explications.
Une « traduction » des pleurs
Dans une étude publiée par des scientifiques américains des universités du Northern Illinois et du New Jersey, un algorithme a été mis au point. Ce dernier serait capable d’identifier rapidement le message qu’un bébé est susceptible d’envoyer à travers un pleur. En clair, les scientifiques ont considéré les pleurs comme des signaux de communication, que l’on pourrait traduire en utilisant les intelligences artificielles.
Les pleurs de chaque bébé sont en revanche uniques, d’après les chercheurs. Cependant, ces derniers expliquent également dans l’étude qu’ils ont, par ailleurs, des “modulations communes”. En clair, quand deux bébés différents pleurent, leurs cris sont uniques, mais s’ils pleurent pour manifester la même émotion, il y aurait des similitudes. Et en faisant intervenir l’intelligence artificielle, il serait possible, d’après l’étude, de décoder ces modulations communes. Tout cela dans un but d’identification.
Pour créer cet algorithme qui permettrait de décoder les pleurs des bébés, les scientifiques ont enregistré 48 pleurs, de 26 bébés différents. Par la suite, ils se sont appuyés sur des infirmières et des proches des bébés qui ont interprété ces pleurs. Les cris ont été classifiés dans cinq catégories : le besoin de sommeil, l’inconfort, le besoin d’être nourri, un besoin d’attention et un besoin d’être changé. Mais ce n’est pas tout, puisque des signaux visuels (quand un bébé se met les doigts dans la bouche, c’est un marqueur de faim) ont été recensés. L’ensemble de ces éléments a ensuite été soumis à l’intelligence artificielle, qui a pu en faire découler un algorithme adapté.
Quelles sont les limites d’un tel processus ?
La mise en place d’un tel algorithme, s’il est efficace, pourrait permettre d’améliorer la santé des enfants. En effet, les pleurs sont le signe d’un véritable besoin de la part du nourrisson, qui ne peut l’exprimer et le demander autrement. Également, les parents pourraient en bénéficier. Cependant, comprendre les causes des pleurs d’un bébé ne semble pas aussi facile que cela.
Très vite, certains chercheurs se sont questionnés sur les limites d’un tel processus, s’appuyant sur une intelligence artificielle, plutôt que l’Homme. Selon la professeure Maude Bonenfant de l’UQAM, une experte de l’intelligence artificielle, “la machine ne sera pas meilleure que l’humain, parce que la machine à la base a besoin de bases de données où on lui a clairement indiqué”. En effet, comme nous vous l’avons dit ci-dessus, les éléments qui ont été soumis à l’intelligence artificielle découlent de la main de l’Homme. Pour la professeure Bonenfant, “l’intelligence artificielle ne sera pas meilleure qu’un parent”.
En revanche, les chercheurs affirment que l’efficacité d’un tel algorithme dépend en très grande partie de la qualité des données qui lui sont fournies. Ici, les auteurs n’ont pu enregistrer que 48 pleurs, issus de 26 bébés différents. Mais si des centaines ou des milliers d’échantillons sont fournis à l’algorithme, il n’est pas fou de penser qu’il sera alors possible de correctement traduire un pleur de nourrisson. C’est d’ailleurs dans ce sens que les chercheurs ont lancé des programmes de collaboration avec des hôpitaux et des centres médicaux, afin d’obtenir le plus de données et de scénarios possible pour nourrir leur algorithme. À terme, le professeur Lichen Liu, qui a participé au développement, espère “pouvoir développer des produits dans un but clinique”.
Par Benjamin Cabiron, le
Source: LaPresse
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