Au cours de l’histoire, l’Homme n’a cessé d’essayer de dompter la nature : construire des barrages, couper du bois, assécher des marais. Mais parfois, l’ingéniosité de l’être humain n’est pas de taille face à la force brute de l’environnement. Une tornade géante, un astéroïde, une explosion nucléaire : tant de dangers qui pourraient exterminer l’espèce humaine en un temps record. De plus, avec les avancées technologiques, les armes chimiques deviennent également source de menace. L’Homme doit donc se protéger des risques qu’il encourt. SooCurious vous en apprend plus sur les bunkers et autres constructions à l’épreuve des catastrophes.
Les premières structures conçues pour résister aux catastrophes sont apparues lors de la guerre froide. En effet, l’URSS et les Etats-Unis étaient rivaux et le pays soviétique menaçait les Américains avec une bombe nucléaire. Le gouvernement américain commença donc des travaux pharaoniques afin de mettre en place un bunker aménagé pour que le gouvernement puisse continuer son office malgré une potentielle apocalypse nucléaire. C’est ainsi qu’est entré en travaux le Cheyenne Mountain, complexe souterrain d’une taille phénoménale creusée dans la roche située, comme son nom l’indique, sous le mont Cheyenne. Des portes blindées de 25 tonnes protègent les entrées et cette base a été conçue pour résister à une attaque nucléaire.
Construit dans un premier lieu pour protéger le Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD), Cheyenne Mountain possède, semblerait-il, tous les attributs d’une ville : salon de coiffure, hôpital, etc. A l’intérieur de cette cité souterraine, de nombreux bâtiments ont été construits sur des ressorts métalliques de plus de un mètre de long pour cinquante centimètres de large. En effet, cette installation est nécessaire dans la mesure où, s’il y a effectivement une attaque nucléaire, le choc de la détonation risque de faire trembler le complexe, ce qui pourrait causer la destruction de bâtiments si des mesures ne sont pas prises. Près de 115 000 boulons sont nécessaires pour consolider les murs. D’ailleurs, deux officiers vérifient quotidiennement ces boulons et les resserrent si nécessaire. Cheyenne n’a pas servi depuis de longues années, mais le gouvernement américain a recommencé à l’utiliser récemment. La base, profondément enfouie et blindée, confère une sécurité phénoménale aux installations du NORAD. De nombreux contrats de plusieurs millions de dollars ont été passés pour moderniser l’équipement du complexe.
En tant qu’individu, si nous imaginons une attaque, notre premier réflexe sera de nous mettre à l’abri. Mais ensuite ? Comment communiquer, recevoir des signaux, savoir ce qu’il se passe à l’extérieur ? Ces interrogations mettent en avant l’importance du Mount Weather (Mont Météo). Situé en Virginie dans les montagnes Blue Ridge, ce complexe est géré par le gouvernement fédéral. Ce centre est enfoui profondément et est le quartier général de l’Agence fédérale des situations d’urgence (FEMA). Il a notamment servi lors des attaques du 11 septembre. Des rumeurs ont circulé, comme le fait que l’administration de Bush utilisait cette base comme un “gouvernement de l’ombre” en cas d’attaque à Washington. Ce bunker est un endroit où les membres du gouvernement pourraient se réfugier dans le cas d’une attaque nucléaire.
Depuis le Mount Weather, la FEMA contrôle le système de diffusion d’urgence en place depuis des décennies. Son rôle en tant que système d’alarme national a conduit à l’un des premiers cas où son existence a été notée par le public. En effet, cette zone était complètement inconnue du public américain jusqu’au crash du vol TWA 514 dans le Mount Weather en décembre 74. Cet accident a coupé les lignes de radio et a mis en route le système d’urgence, ce qui a provoqué une transmission d’un message absolument incompréhensible. Le système n’a jamais été activé par un président à une échelle nationale, affirme le New York Times, mais il a été activé localement près de 20 000 fois au cours des années pour cause d’urgences diverses et variées. Bien que beaucoup pensent que ce système soit dépassé à notre époque, cette vieille technologie pourrait bien être la solution à l’heure du tout numérique. En effet, en cas de danger, les smartphones ne seront pas d’une grande utilité quand l’électricité sera coupée. Mais une radio à manivelle pourra capter des signaux presque indéfiniment.
Dans un autre genre, sur l’île de Svalbard, le gouvernement norvégien a mis en place une chambre forte blindée souterraine afin d’y préserver les graines de toutes les cultures vivrières, c’est-à-dire qui peuvent nourrir. Elle en contient actuellement près de 4,5 millions. Cette réserve a été creusée dans le flanc d’une montagne et totalise près de 1500 mètres carrés de volume de stockage. En haut de la montagne dans laquelle est creusé cet abri, l’artiste Dyveke Sanne a installé une sorte de phare avec des éclats de miroir afin de faciliter l’accès à la porte d’entrée.
En théorie, ce bunker est résistant à tout. Pas besoin d’électricité pour conserver le froid dans les chambres de stockage. La montée des eaux n’aura aucun effet sur cette base car elle a été construite à 120 mètres au-dessus du niveau de la mer. Une bombe ou un astéroïde ne devraient pas abîmer la structure, confortablement à l’abri au coeur de la montagne. Cependant beaucoup pensent qu’une seule réserve n’est pas suffisante et que celle-ci, qui plus est, est mal placée. Un seul conteneur, ce n’est pas assez sûr pour garantir une vraie diversité dans les semences.
Après l’abri, la communication et la nourriture, que reste-t-il à préserver pour garantir la survie de l’espèce humaine ? Les connaissances ! Il est nécessaire de conserver la connaissance coûte que coûte, l’histoire, la science… Mais comment sauvegarder toutes ces données ? Les moyens numériques ne sont pas assez sûrs, ils seront largement dépassés au cours des prochains siècles. 16 universités et bibliothèques européennes regroupées autour d’un projet nommé Planets ont créé une capsule contenant les outils dont les humains du futur pourraient avoir besoin pour décoder nos clefs usb devenues probablement obsolètes. Après quatre ans de travail, le projet avait abouti. Cette capsule est enterrée dans un bunker secret du nom de Fort Knox, situé dans les Alpes suisses. Bien que le projet Planets soit grandiose, des chercheurs pensent qu’il est nécessaire de conserver également les informations concernant le savoir humain actuel.
Deux scientifiques, Ewan Birney et Nick Goldman ont développé un processus pour coder et décoder des informations contenues dans des fragments d’ADN. “Toutes les données du monde pourraient tenir à l’arrière d’une fourgonnette.” Ewan et Nick pensent également à construire une sorte de base de stockage pour aider à décrypter cette bibliothèque ADN. Dans l’hypothèse où cette base verrait le jour, elle devrait être ultra-sécurisée. Elle serait composée de plusieurs chambres. Dans l’une d’elles, des illustrations explicatives seraient gravées dans des matériaux résistants comme l’or ou le nickel. Il n’est pas certain que les peuples futurs puissent lire nos langues actuelles, mais la chimie restera inchangée et il sera possible d’extraire les informations de l’ADN codé. La recherche dans le codage de l’ADN avance à une vitesse hallucinante. Un groupe de scientifiques a écrit un papier sur cette pratique. Les informations peuvent être protégées grâce à un processus semblable à la fossilisation. A basse température, il est possible de préserver les données codées sur de l’ADN pendant deux millions d’années.
Bien que la survie soit l’affaire de tous, il est assez exceptionnel d’apprendre que les gouvernements se sont penchés sur la question il y a déjà de nombreuses années et que de tels abris et processus sont en place. A la rédaction, nous avons été particulièrement surpris d’apprendre qu’il était possible de coder de l’ADN pour y sauvegarder des informations. Nous espérons cependant ne pas en avoir besoin pour l’instant ! Êtes-vous angoissé par les menaces qui pèsent sur l’espèce humaine ou êtes-vous confiant en l’avenir ?
Par Lauranne Boivin, le
Source: gizmodo