Un raid audacieux, des drones longue portée et une base réputée blindée prise de court : le coup du 18 décembre à Belbek raconte la nouvelle grammaire de la guerre. Derrière l’explosion, il y a une méthode : frapper radars, Pantsir, et l’ombre du Mig-31.

Belbek, cible prioritaire : une base qui contrôle Sébastopol et la mer Noire, malgré des défenses loin d’être parfaites
À première vue, l’aérodrome de Belbek, près de Sébastopol, semble imprenable. Radars dernier cri, systèmes S-400, abris renforcés… La Russie y a déployé un véritable écran de fer depuis les premières frappes ukrainiennes du printemps 2024. Et pourtant, l’attaque du 18 décembre a franchi tous ces obstacles, infligeant des pertes matérielles précieuses.
C’est que la Crimée reste un talon d’Achille pour Moscou : elle concentre une partie clé de sa logistique militaire et sa capacité de surveillance de la mer Noire. Et contrairement aux navires, les radars et les intercepteurs aériens ne se déplacent pas facilement. Belbek est donc non seulement exposé, mais aussi indispensable.
Ce que Kiev revendique le 18 décembre : drones Alpha et frappes sur radars, Pantsir et S-400
Selon Kiev, l’opération a été confiée aux drones longue portée du Centre Alpha du SBU. L’objectif était clair : affaiblir la défense aérienne russe autour de Belbek et réduire sa capacité de surveillance sur la Crimée et la mer Noire.
Le bilan avancé est précis, presque chirurgical : un Mig-31, deux radars, un Pantsir S2 et un élément radar de S-400. Autrement dit, des briques clés du bouclier russe, difficiles à remplacer et indispensables pour protéger l’espace aérien.
Sur le terrain, on devine une nuit sous tension : alarmes, tirs de riposte, silhouettes de drones dans l’obscurité. Pourtant, des frappes auraient porté, comme le suggèrent les images satellites de The War Zone, montrant un Mig-31 exposé, cockpit ouvert, sans protection.
Mig-31 touché : pourquoi cet intercepteur est un cauchemar pour l’aviation ukrainienne
Le Mig-31 n’est pas un avion comme les autres. C’est un intercepteur supersonique, capable de tirer des missiles longue portée air-air, redouté par les pilotes ukrainiens depuis le début de la guerre. Chaque appareil compte, et sa destruction est aussi psychologique que stratégique.
Ces appareils ne sont pas légion, et leur remplacement est lent. L’élimination de l’un d’eux dans un raid ciblé affaiblit directement les capacités russes à contrer les offensives aériennes ukrainiennes. Et à en croire les sources ukrainiennes, les protections renforcées mises en place après l’attaque de mai 2024 n’ont pas suffi.
Au-delà de Belbek : la Crimée comme terrain d’essai d’une guerre à distance mêlant drones, missiles et chasse aux failles du dispositif russe
Ce raid n’arrive pas par magie : depuis des mois, Kiev teste et répète la frappe à longue portée. Entre drones et missiles, l’objectif est de grignoter la bulle russe. Les ATACMS avaient déjà frappé Belbek en mai 2024, selon plusieurs analyses.
La vraie nouveauté, c’est l’assemblage : un drone peut repérer, un autre saturer, un missile finir, pendant que la guerre électronique brouille. Un avion en maintenance, un radar mal orienté, une patrouille en retard : ces détails deviennent des portes d’entrée.
Et c’est là que je tique : si Belbek, renforcée après 2024, reste prenable, aucune base fixe n’est confortable. La Crimée devient un laboratoire d’usure, où chaque coup vise autant la logistique que le moral. Qui sera le prochain ?
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: geo.fr
Étiquettes: attaque ukrainienne, drones de guerre, base militaire, Crimée
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