La végétation des régions arides présente des motifs spatiaux mesurables. Ces motifs apparaissent grâce aux images satellites et aux relevés aériens. Cependant, les chercheurs les étudient aussi au sol. Ils cherchent ainsi à décrire les mécanismes physiques et écologiques impliqués dans leur formation.

Observation de motifs spatiaux organisés dans les paysages désertiques grâce aux analyses aériennes et satellitaires
Dans plusieurs déserts d’Afrique et d’Australie, la végétation semble dispersée à l’échelle du sol. Cependant, les images aériennes montrent des paysages désertiques observés par satellite structurés. Elles révèlent des bandes parallèles, des cercles réguliers et des formes répétitives clairement identifiables.
Ces motifs apparaissent lors d’analyses couvrant de vastes superficies. Ainsi, les chercheurs dépassent les observations locales. Ils identifient une organisation à grande échelle. Celle-ci résulte de processus écologiques et physiques combinés, et non du hasard.
Quan-Xing Liu et son équipe ont analysé plusieurs centaines de zones arides. Ils ont ainsi mis en évidence un principe nommé hyperuniformité désordonnée dans la végétation. Ce principe décrit des systèmes qui limitent les variations de densité à grande échelle, tout en conservant une irrégularité locale.
Relation entre l’espacement des plantes et l’optimisation de l’accès à l’eau dans les environnements arides
Dans les milieux arides, l’eau constitue un facteur central pour la croissance végétale. Ainsi, l’organisation spatiale des plantes influence l’accès à l’humidité du sol. Elle modifie la répartition des zones d’infiltration et d’absorption racinaire, selon des mécanismes hydriques en milieux arides documentés.
Un espacement trop faible accroît la concurrence pour l’eau. En revanche, une distance excessive réduit l’exploitation des ressources disponibles. Les configurations d’hyperuniformité désordonnée traduisent donc un compromis spatial. Elles favorisent une distribution plus homogène de l’eau au sein de communautés végétales en zones arides, notamment en Afrique de l’Ouest et en Namibie.
Présence de distributions spatiales similaires dans d’autres systèmes biologiques et physiques
Les chercheurs ont identifié des distributions spatiales similaires dans d’autres systèmes biologiques. Ces organisations relèvent de structures biologiques organisées à différentes échelles. Elles concernent notamment des structures cellulaires ou tissulaires soumises à des contraintes fonctionnelles mesurables.
Par exemple, la rétine de certaines espèces d’oiseaux présente une organisation spécifique. De même, certaines algues marines montrent des arrangements collectifs comparables. Les réseaux de nervures foliaires illustrent aussi des distributions cellulaires à organisation spatiale contrainte, analysées par des méthodes statistiques similaires.
Les scientifiques observent également ces propriétés dans des systèmes non biologiques. Ces cas relèvent de processus physiques sans origine biologique. Ainsi, les images de la mission Curiosity montrent que la répartition des galets du cratère Gale résulte de l’érosion, de la gravité et du transport sédimentaire.
Sensibilité de ces organisations spatiales aux perturbations naturelles et anthropiques
Ces organisations spatiales réagissent aux modifications de leur environnement. Ainsi, les perturbations environnementales d’origine anthropique peuvent altérer ces structures. Les infrastructures linéaires et certains aménagements hydrauliques modifient les écoulements et les conditions locales de croissance végétale.
Les auteurs de l’étude indiquent que la perte de ces propriétés spatiales constitue un indicateur de dégradation écologique. Elle correspond aussi à une perte de résilience des milieux désertiques. Ainsi, l’analyse de l’hyperuniformité devient un outil potentiel pour évaluer l’état des écosystèmes.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: sciencepost.fr
Étiquettes: végétation désertique, motifs naturels, écologie des déserts, organisation du vivant
Catégories: Écologie, Animaux & Végétaux