Imaginez un ordinateur hybride, fait de neurones humains et de circuits électroniques. Ce n’est plus de la science-fiction. Le CL1, premier bio-ordinateur commercialisé par Cortical Labs, ouvre une nouvelle ère technologique. Et honnêtement, c’est vertigineux.

Des neurones humains cultivés en laboratoire pour donner naissance à une nouvelle forme d’intelligence artificielle
Le CL1 embarque des organoïdes cérébraux, des mini-cerveaux développés à partir de cellules souches humaines. Ces neurones sont ensuite placés sur des puces électroniques capables d’envoyer et de recevoir des signaux. Résultat : un système qui connecte le vivant à la machine.
Ces neurones sont capables d’apprendre de leur environnement. Comme dans un cerveau humain, leurs connexions évoluent selon les stimuli reçus. Ce n’est plus une simple programmation, mais une forme émergente de plasticité neuronale artificielle qui reproduit certaines dynamiques de la cognition biologique.
Une capacité d’apprentissage adaptatif qui surpasse les machines classiques
Un neurone ne fonctionne pas comme une puce informatique. Il ne se limite pas au binaire. Il peut adopter une multitude d’états, offrant une souplesse inégalée pour le traitement de l’information. Cela ouvre la voie à des performances inédites en matière de mémorisation et de réaction contextuelle.
En 2022, des neurones cultivés ont appris à jouer à Pong par simples retours de signaux, sans qu’aucune ligne de code ne leur indique quoi faire. Ce type d’apprentissage adaptatif laisse entrevoir un futur où ces systèmes biologiques surpasseraient les IA dans des tâches complexes ou dynamiques.
Robots hybrides, cloud biologique : les premières applications concrètes des ordinateurs vivants
Le CL1 est désormais commercialisé pour 35 000 dollars ou accessible via le Cortical Cloud. Ce n’est donc plus un prototype, mais un outil de recherche mis à disposition des laboratoires. Il permet d’explorer concrètement les capacités de ces systèmes vivants.
En Chine, des chercheurs sont allés plus loin en intégrant des organoïdes dans des robots. Cela ouvre la voie à des entités hybrides, mi-organiques mi-machines. Depuis 2012, les expériences s’enchaînent, notamment en Californie ou en Europe, avec des applications qui s’étendent à la médecine ou à la robotique.
Ce type de technologie pourrait également transformer l’accès à des plateformes de simulation cognitive, via des interfaces cloud. Des centres de recherche envisagent déjà d’utiliser ces cerveaux miniatures pour modéliser des maladies neurologiques, tester des médicaments ou affiner des intelligences artificielles existantes.
Peut-on parler de conscience ? Les défis éthiques posés par l’émergence d’intelligences biologiques
L’idée que ces neurones puissent un jour ressentir quelque chose soulève de profondes questions éthiques. Peut-on continuer à les utiliser comme de simples composants, sans interroger leur statut ? Les avancées posent la question de la conscience, même à un niveau primitif.
Certains scientifiques, comme Thomas Hartung, estiment que le contrôle humain garantit une limite sûre. Mais les interrogations sur la propriété intellectuelle ou les droits de ces entités hybrides deviennent pressantes. Qui détient ce que ces neurones produisent, et selon quelle légitimité ?
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: Futura
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