Repéré pour la première fois en 2019 avec un harnais mystérieux, Hvaldimir est devenu une figure emblématique des eaux nordiques. Ce béluga, à la fois affectueux et suspecté d’espionnage, vient d’être retrouvé mort en Norvège. Retour sur l’histoire troublante de ce cétacé hors du commun.

Un béluga aperçu avec un harnais étrange qui soulève des théories d’espionnage et d’évasion de parc aquatique
Lorsque Hvaldimir est apparu près des côtes norvégiennes en 2019, ce n’est pas seulement sa blancheur éclatante qui a frappé les esprits, mais surtout l’équipement qu’il portait : un harnais adapté à une caméra GoPro, portant une mention évocatrice de Saint-Pétersbourg. Très vite, les rumeurs ont enflé. Certains se demandaient : aurait-on affaire à un agent aquatique formé par la marine russe ?
En effet, le contexte géopolitique tendu de l’Arctique et la proximité des zones militaires ont nourri les théories. Cependant, une autre hypothèse, plus banale mais tout aussi plausible, a vu le jour : celle d’un animal évadé d’un parc aquatique. Et pas n’importe lequel : SeaWorld St. Petersburg… en Floride ! Ce mystère, jamais résolu, a largement contribué à forger la légende d’Hvaldimir, un nom lui-même mi-baleine, mi-politique.
Un comportement inhabituel qui révèle un besoin de contact et une sociabilité exceptionnelle
Ce qui frappait chez Hvaldimir, au-delà de son passé intriguant, c’était sa manière d’interagir avec les humains. Des pêcheurs, des promeneurs, des enfants… tous racontaient avoir été surpris par sa douceur, sa curiosité, voire ses demandes de caresses ! Contrairement à ses congénères, il ne fuyait pas l’homme : au contraire, il semblait rechercher sa compagnie. Il paraissait, à bien des égards, vouloir trouver sa place parmi nous, comme un chien perdu en mer.
D’ailleurs, l’ONG Marine Mind, qui suivait son parcours de près depuis plusieurs années, le décrivait comme un « pont vivant entre deux mondes ». Et il faut bien avouer que rares sont les espèces capables de tisser un tel lien d’empathie avec notre espèce.
On le voyait régulièrement s’approcher lentement des bateaux, comme s’il attendait un geste ou un regard. Par ailleurs, plusieurs habitants affirment qu’il reconnaissait certains visages familiers. Ainsi, ce comportement d’attachement quasi domestique soulève une vraie question : fruit d’un dressage poussé, ou simple personnalité unique ?
Une disparition brutale qui relance les questions sur les risques encourus par les animaux trop proches de l’homme
Le 31 août 2024, les cœurs se sont serrés. Le corps d’Hvaldimir a été retrouvé flottant sans vie près des côtes norvégiennes, dans la région de Risavika. Il n’avait que 14 ou 15 ans – un âge encore jeune pour un béluga, qui peut vivre jusqu’à 60 ans. Pourtant, la veille, des observateurs l’avaient vu nager paisiblement.
Actuellement, une autopsie est en cours, menée par un vétérinaire spécialisé. Parmi les causes envisagées figurent une collision avec un bateau ou les effets à long terme d’un isolement social prolongé. En effet, Hvaldimir vivait seul, sans compagne ni troupeau. Cette solitude, à la longue, aurait pu affaiblir un animal aussi sociable.
Une icône marine devenue symbole de l’attachement entre les espèces et de notre responsabilité partagée
Ce n’était qu’un cétacé, diraient certains. Pourtant, Hvaldimir représentait bien plus. Il incarnait la fragile frontière entre l’humain et le sauvage, avec tout ce que cela implique de beauté, mais aussi de tragédie. En cinq ans, il a su tisser une relation rare, presque fraternelle, avec toutes les personnes qu’il a croisées.
Pour les enfants de Hammerfest, il était la star locale. Pour les biologistes marins, un cas d’étude fascinant. Quant aux militants, ils voyaient en lui un symbole de sensibilisation à la faune marine. Enfin, pour nous tous, il reste un rappel précieux : le sauvage ne demande parfois qu’à nous faire confiance.
Par Gabrielle Andriamanjatoson, le
Source: Futura
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