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Quand des étudiants en 1967 ont écrit les premières lignes de la défense planétaire contre un astéroïde menaçant

En pleine guerre froide, une classe d’étudiants du MIT a esquissé ce qui deviendrait, des décennies plus tard, les fondations de la défense planétaire. Leur mission ? Dévier un astéroïde réel, Icare, supposé s’écraser sur Terre.

Astéroïde en feu entrant dans l’atmosphère terrestre
Un astéroïde embrasé se dirige vers la Terre à grande vitesse – DailyGeekShow.com

Comment un exercice académique au MIT a transformé une menace spatiale en mission de survie collective

En 1949, l’astronome Walter Baade repère un astéroïde au nom mythologique : Icare. Sa trajectoire croise celle de la Terre. Pendant des années, il fascine et inquiète. En 1965, le physicien Stuart Butler alerte : une collision serait capable de rayer une ville de la carte. Et si ce scénario ne relevait plus de la science-fiction ?

C’est ce que se dit Paul Sandorff, professeur au MIT, qui transforme cette menace en exercice de classe. Il confie à vingt étudiants en aéronautique et astronautique une mission inédite : sauver l’humanité. Ils doivent mener leur mission avec un budget limité à 1 % du PIB des États-Unis, utiliser uniquement les technologies disponibles à l’époque, et réussir à dévier l’astéroïde avant juin 1968.. Le scénario est fictif, mais les résultats vont marquer les esprits.

Le plan des étudiants : détourner l’astéroïde Icare avec des bombes H et des calculs d’orbite millimétrés

Les étudiants, d’abord incrédules, plongent dans un travail intensif de soixante-dix semaines. En sous-groupes, ils simulent une véritable agence spatiale. Chaque décision a des conséquences sur les autres modules. Peu à peu, une solution s’impose : dévier Icare avec des charges nucléaires, sans le pulvériser.

Leur plan repose sur une stratégie à la fois physique et poétique : une poussée précise au bon moment, comme on lance une balançoire. Ils prévoient six fusées Saturn V, chacune armée d’une bombe H de 100 millions de tonnes. Les explosions, déclenchées à proximité de l’astéroïde, doivent le dévier sans le briser.

Cette méthode, jugée la plus réaliste au vu du calendrier, s’appuie sur un calcul d’orbite millimétré. La probabilité de succès est estimée à 71 %, soit plus que bien des opérations militaires contemporaines. En mai 1967, le projet est présenté publiquement. La presse s’enthousiasme : trente journaux américains en parlent. Mais aucune suite ne sera donnée.

Ce projet d’étudiants du MIT préfigurait les stratégies actuelles de défense planétaire sans que personne ne le sache

En juin 1968, Icare passe loin de la Terre. Et avec lui, l’attention retombe. Pourtant, ce projet étudiant constitue la première simulation de défense planétaire connue. Il préfigure, avec 50 ans d’avance, les travaux de la NASA et de l’ESA sur les stratégies de déviation d’astéroïdes.

Aujourd’hui, les missions comme DART ou Hera s’inspirent d’une même logique : impacter ou faire pression sur un objet céleste pour en modifier la trajectoire. Le courage intellectuel de ces étudiants de 1967, dans un monde saturé par la peur du nucléaire, reste une étape méconnue mais fondamentale dans la construction d’une conscience planétaire.

Par Eric Rafidiarimanana, le

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