Et si Mars avait jadis abrité un véritable océan ? Des chercheurs américains viennent de dévoiler de nouveaux indices fascinants : les anciens lits de rivières martiennes semblent bien avoir terminé leur course dans un vaste océan disparu. En comparant ces structures à des formations terrestres, ils révèlent un pan méconnu de l’histoire hydrologique de la Planète rouge.

Mars, une planète jadis bleue : quand les rivières martiennes témoignent d’un océan oublié
Ce n’est plus un secret : Mars a abrité de l’eau liquide à sa surface il y a plus de 3 milliards d’années. Des rivières ont serpenté à travers des vallées profondes, formant des lacs dans les cratères. Mais une nouvelle étude, publiée dans la revue Geophysical Research Letters par l’Université de l’Arkansas, va plus loin : elle suggère que ces rivières se jetaient dans un véritable océan situé dans l’hémisphère nord.
Sur Terre, lorsqu’une rivière atteint la mer, elle ralentit, dépose ses sédiments et forme un delta. Ces empreintes géologiques sont reconnaissables entre toutes. Alors, pourquoi ne pas chercher les mêmes signatures sur Mars ? C’est justement ce qu’a fait Cory Hughes, géologue et auteur principal de l’étude.
Comprendre le passé martien en observant le présent terrestre : le rôle des rivières et de leurs méandres fossilisés
Regardez une rivière depuis le ciel : elle ondule, creuse ses berges, dépose ses sédiments, se déplace lentement. Cette danse entre érosion et dépôt façonne ce qu’on appelle une ceinture de chenaux. Sur Terre, ces structures racontent la vie mouvementée des fleuves et leurs interactions avec les mers.
Sur Mars, les chercheurs ont observé le même type de motifs : des rivières fossilisées, larges et tortueuses, présentant des méandres figés dans le grès. Mais là où tout se complique, c’est que ces anciens chenaux ne sont pas creusés en creux, mais en relief. Un paradoxe ? Pas vraiment : au fil du temps, l’érosion a balayé les sédiments tendres, ne laissant que les dépôts solides, formant ainsi des deltas inversés.
Ces mystérieux deltas inversés : la clé pour confirmer la présence d’un ancien océan martien
Cory Hughes et son équipe ont comparé ces structures martiennes à celles de Wedington Sandstone, dans l’Arkansas : un ancien delta fossile vieux de 300 millions d’années, aujourd’hui préservé sous la forme d’un réseau de chenaux inversés. Les ressemblances sont frappantes.
Les chercheurs en déduisent que les rivières martiennes ont suivi une évolution comparable à celles de la Terre, jusqu’à se déverser dans une mer ou un océan. Ces deltas fossiles, repérés par satellites, constituent des indices solides en faveur de l’existence d’un océan martien.
Cette hypothèse, longtemps jugée audacieuse, s’appuie désormais sur une cohérence géomorphologique difficile à ignorer. Mars n’était donc pas qu’une planète rouge : elle était peut-être, un jour, bleue et vivante.
Une découverte qui change notre regard sur Mars et relance la quête d’environnements habitables au-delà de la Terre
Ces découvertes renforcent une idée qui passionne les planétologues : Mars a connu un climat humide, propice à l’apparition de conditions habitables. Si l’eau a persisté assez longtemps, elle a pu offrir un refuge à des formes de vie primitives. Les prochaines missions, comme Mars Sample Return, pourraient justement prouver si ces anciens sédiments ont piégé des traces biologiques.
En reliant la Terre et Mars par leurs paysages, les scientifiques ouvrent un dialogue fascinant entre deux mondes. Et si, finalement, l’histoire de Mars n’était qu’une version alternative de la nôtre ?
Par Eric Rafidiarimanana, le