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Les astronomes sont formels : l’océan sous la glace de la lune Europe réunit toutes les conditions d’une vie extraterrestre

Longtemps reléguée au second plan derrière Mars, Europe est désormais l’objet de toutes les attentions. Sous ses glaces épaisses se cache un océan global, salé, chauffé, riche en éléments chimiques essentiels. Tout y est réuni pour que la vie, même microscopique, puisse y émerger et s’y maintenir.

Aurores boréales multicolores dans un ciel nocturne au-dessus de montagnes enneigées et d’un lac reflétant les lumières.
Spectaculaires aurores boréales rose et turquoise se reflétant sur un lac glacé dans un paysage polaire immaculé – DailyGeekShow.com / Image Illustration

Une lune glacée sous l’emprise de Jupiter, mais au cœur brûlant d’intérêt pour les chercheurs

Qui aurait cru que la candidate la plus sérieuse à la vie extraterrestre ne serait ni Mars, ni Vénus, mais une petite lune de Jupiter ? Europe, découverte en 1610 par Galilée, est longtemps restée dans l’ombre, littéralement et scientifiquement. Pourtant, sa surface striée de fissures rouges, d’une blancheur presque irréelle, cache un secret monumental : un océan global enfoui sous 20 km de glace, profond de 100 km, et potentiellement riche en vie.

Ce sont les missions Voyager, puis Galileo, qui ont lancé le doute. Des images d’un monde jeune, lisse, renouvelé, avec des zones chaotiques où la glace semble avoir bougé, fondu, gelé à nouveau. L’hypothèse d’un océan liquide s’est alors imposée. Aujourd’hui, les preuves s’accumulent, jusqu’à ne plus laisser place au doute. Europe n’est pas une boule de glace inerte. Elle est dynamique, chauffée de l’intérieur, traversée par des flux chimiques — un monde en activité, propice à la vie.

Sous la glace, un océan global maintenu liquide par la gravité et réchauffé par les forces de marée

À près de 800 millions de kilomètres du Soleil, il n’est pas question d’énergie solaire. Et pourtant, l’eau d’Europe est bien liquide. Comment ? Grâce à un mécanisme redoutable : les forces de marée gravitationnelle. Pris entre Jupiter et ses lunes sœurs, Europe est comprimée, étirée, malaxée. Cette friction interne produit une chaleur suffisante pour maintenir l’océan en état liquide, et réchauffer son plancher océanique rocheux.

C’est là que les chercheurs imaginent des sources hydrothermales semblables aux fumeurs noirs de nos abysses terrestres. Ces oasis sous-marines, sur Terre, regorgent de vie. Des microbes y prolifèrent sans lumière, uniquement grâce à l’énergie chimique. C’est exactement ce que l’on soupçonne sur Europe : des écosystèmes alimentés par la chimiosynthèse.

Carbone, oxygène, hydrogène : les ingrédients de la vie sont bien présents dans l’océan d’Europe

Il fallait trois piliers : de l’eau, de l’énergie, et les bons éléments chimiques. Le télescope spatial James Webb (JWST) vient de confirmer que le carbone est bien présent, concentré dans une région chaotique appelée Tara Regio. Ce n’est pas un dépôt ancien ni extérieur : il remonte de l’océan, ce qui prouve une activité récente et un échange entre la glace et l’eau.

Quant à l’oxygène, il est créé en surface par les radiations de Jupiter. Le défi, longtemps, était de savoir comment cet oxygène pouvait atteindre l’océan situé des kilomètres plus bas. La réponse est fascinante : la croûte de glace serait mobile, comme une tectonique inversée.

Des plaques de glace riches en oxygène plongeraient vers l’océan, pendant que d’autres remontent, chargées de sels et de carbone. Ce cycle dynamique entre la surface et les profondeurs crée un environnement chimiquement équilibré, idéal pour des réactions biologiques.

Deux missions majeures vont enfin plonger dans le mystère : Europa Clipper et JUICE

Tout cela, pour l’instant, repose sur des survols, des mesures indirectes, des modélisations. Mais cela va changer. Deux missions spatiales sont en route vers Europe. L’européenne JUICE, déjà lancée par l’ESA, la survolera deux fois. Mais c’est surtout Europa Clipper, de la NASA, qui retient l’attention. Attendue en 2030, elle effectuera plus de 50 survols de la lune, frôlant sa surface et analysant ses panaches de vapeur s’ils existent.

Son objectif est clair : confirmer la présence d’un océan, mesurer sa profondeur, sa salinité, et y traquer des molécules organiques complexes. Grâce à ses instruments de pointe, radar, spectromètre de masse, magnétomètre, Europa Clipper pourrait nous rapprocher de la découverte de la vie ailleurs.

Europe coche toutes les cases. Ce n’est plus une question de possibilité, mais de probabilité. L’humanité est à quelques années de réponse à une des plus grandes questions de l’Histoire : sommes-nous seuls ?

Par Eric Rafidiarimanana, le

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