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Le Fujian, super porte-avions chinois, marque un tournant historique pour la puissance militaire de Pékin en mer

Avec le Fujian, la Chine entre dans une nouvelle ère navale. Troisième porte-avions de la flotte chinoise et premier entièrement conçu et construit sur le sol national, ce colosse de 316 mètres et près de 80 000 tonnes bouleverse les équilibres dans l’Indo-Pacifique. Ce n’est pas simplement un nouveau navire : c’est le symbole d’une marine qui veut rivaliser avec les États-Unis sur le terrain technologique, stratégique et politique.

Porte-avions moderne naviguant en mer avec plusieurs avions de combat sur son pont et des navires militaires en arrière-plan.
Ce porte-avions de nouvelle génération avance escorté par plusieurs bâtiments, affichant la puissance navale et technologique de sa flotte – DailyGeekShow.com

Un bond technologique : la Chine entre dans le club fermé du CATOBAR électromagnétique

Le Fujian n’est pas un porte-avions comme les autres. Contrairement aux anciens Liaoning et Shandong, il n’utilise plus de tremplin pour lancer ses avions. Il est le premier navire chinois équipé du système CATOBAR, basé sur des catapultes électromagnétiques.

Ce système permet de lancer des appareils plus lourds, mieux armés et dotés d’une plus grande autonomie, ce qui élargit considérablement le rayon d’action de la flotte. Jusqu’ici, seuls les États-Unis maîtrisaient cette technologie. Avec le Fujian, Pékin rejoint ce club restreint, en démontrant une capacité industrielle et militaire de très haut niveau.

Une nouvelle génération d’avions embarqués pour une force de projection globale

À bord, la marine chinoise prépare le déploiement d’une nouvelle génération d’aéronefs. On y trouvera les chasseurs furtifs J-35, les J-15T modernisés, et surtout le KJ-600, avion de guet aérien, indispensable à la maîtrise du ciel. Ensemble, ils permettront de surveiller et d’intervenir à plusieurs centaines de milles nautiques.

Cette montée en puissance transforme la marine de l’Armée populaire de libération (APL). Elle devient une véritable force de projection, capable d’opérer bien au-delà de la mer de Chine méridionale. Le 5 novembre 2025, lors de la cérémonie d’entrée en service présidée par Xi Jinping, sept nouveaux bâtiments ont été intégrés en une journée, dont des destroyers et des navires amphibies. 170 000 tonnes de tonnage militaire ajoutées, soit 42 % de la Marine nationale française.

Le Fujian, manifeste d’une ambition navale chinoise mondiale

Le Fujian n’est pas seulement un outil militaire. Il est une déclaration politique. Depuis 2015, la Chine a clairement affiché sa volonté de défendre ses « intérêts outre-mer ». Elle cherche à rompre l’encerclement stratégique américain, imposé par la première chaîne d’îles (Japon, Taïwan, Philippines).

En dix ans, Pékin a doublé la taille de sa flotte. Ses chantiers navals, civils et militaires, produisent à un rythme industriel. L’investissement est colossal : entre 75 et 150 milliards d’euros sur une décennie. D’ici 2035, la Chine pourrait disposer de six porte-avions. Ce qui semblait lointain devient tangible.

Le Fujian est donc un manifeste flottant : la Chine n’est plus une puissance côtière, elle est océanique, industrielle et ambitieuse.

Une avance technologique à confirmer sur le plan opérationnel

Reste un défi de taille : transformer cette puissance théorique en capacité opérationnelle crédible. Car si la technologie est au rendez-vous, l’expérience fait défaut. Les catapultes électromagnétiques sont encore jeunes. Leur fiabilité en mer doit être prouvée.

De plus, les équipages et les pilotes chinois manquent de pratique sur des opérations complexes. Contrairement à l’US Navy, rodée par des décennies de missions, la marine chinoise devra apprendre à coordonner les opérations aéronavales, gérer la logistique et assurer la maintenance à long terme.

Le Fujian sera donc, dans un premier temps, un laboratoire flottant. Il formera les générations futures de marins et de pilotes. Mais il représente déjà un saut stratégique majeur qui pourrait reconfigurer les équilibres militaires dans l’Indo-Pacifique dans les années à venir.

Par Eric Rafidiarimanana, le

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