Aller au contenu principal

Un test de grossesse sur des squelettes vieux de mille ans ? L’archéologie réinvente son approche du corps féminin

Des chercheurs britanniques ont mis au point une méthode inédite pour détecter des hormones sexuelles dans des ossements anciens. Une véritable percée pour l’histoire de la grossesse et de la parentalité dans les sociétés passées.

Squelette humain ancien découvert dans une cavité naturelle, entouré de cristaux brillants, offrant une scène archéologique spectaculaire.
Une découverte fascinante : un squelette fossilisé repose au milieu d’un écrin naturel de cristaux scintillants – DailyGeekShow.com

Ils trouvent des hormones de grossesse dans des restes humains datant de l’Antiquité et du Moyen Âge

Imaginez pouvoir repérer une grossesse vieille de mille ans en analysant un os ou une dent. C’est ce qu’a réussi une équipe britannique. Leur étude, publiée dans le Journal of Archaeological Science, montre qu’on peut retrouver l’œstrogène, la progestérone et la testostérone dans des restes humains vieux de plusieurs siècles.

Les chercheurs ont analysé dix squelettes issus de sites archéologiques. Ils ont identifié sept femmes et trois hommes, grâce à des analyses ADN. Certaines de ces femmes étaient enterrées avec un nourrisson ou portaient encore des restes fétaux dans l’abdomen.

Chez ces femmes, les taux de progestérone se sont révélés nettement supérieurs. C’est la toute première fois que la science parvient à isoler une trace aussi directe d’une grossesse dans des ossements anciens.

Une nouvelle approche qui donne une voix aux femmes oubliées de l’histoire

Jusqu’à présent, les archéologues ne disposaient d’aucun indicateur fiable pour identifier une grossesse dans les populations anciennes. Aimée Barlow, archéologue à l’université de Sheffield et première autrice de l’étude, souligne un fait important :

“La grossesse, la fausse couche et l’accouchement sont des expériences majeures, mais elles laissent rarement une trace identifiable dans les fouilles.”

Cette méthode pourrait changer la donne. Elle permettrait de réinsérer les expériences reproductives dans la lecture historique, jusque-là focalisée sur des indices visibles comme les armes, les bijoux ou les traces de maladie. Cela ouvre aussi la voie à de nouvelles études sur la santé maternelle, les taux de mortalité à l’accouchement ou les rituels funéraires liés à la naissance.

Une prouesse technique basée sur la persistance des hormones dans les tissus osseux

Les tests de grossesse modernes s’appuient sur l’hormone bêta-HCG, très instable. Elle disparaît vite après la mort. En revanche, la progestérone, une hormone stéroïdienne plus stable, peut se conserver longtemps dans les os et les dents.

En prélevant et en analysant minutieusement ces tissus, les chercheurs ont mis au point une sorte de test de grossesse posthume, capable de repérer des concentrations hormonales révélatrices.

Les femmes associées à des fétus ou à des nourrissons présentaient des taux de progestérone élevés. Ce lien entre indice archéologique et donnée biologique ouvre de nouveaux horizons pour l’analyse fine des restes humains.

Un potentiel immense mais des résultats encore fragiles

Les scientifiques appellent à la prudence. Certains hommes présentaient aussi de la progestérone, sans explication claire. Il est donc essentiel d’élargir l’échantillon et de mieux comprendre les causes de ces variations hormonales.

Malgré tout, cette avancée ouvre un champ de recherche enthousiasmant. Elle pourrait permettre de créer une base de données hormonales anciennes, de suivre des tendances de santé féminine à travers les siècles, et de replacer les femmes au centre de l’histoire archéologique.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Catégories: , ,

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *